Ina de Vicouline

Ina de Vicouline a été infirmière durant la première guerre mondiale. En 1918, elle est décorée d’une médaille d’argent pour son activité au HA 01. En effet, l’école des sourds de Bordeaux sert d’hôpital auxiliaire pour les blessés de guerre (120 lits sont installés). Les premiers militaires arrivent dès la fin du mois d’août 1914, quelques semaines après le début de la guerre.

La Croix Rouge propose au personnel de l’école une formation d’infirmières. Ina est alors monitrice de dessin. Elle accepte. Comme une dizaine de ses collègues de l’institution, elle s’expose au risque des maladies contagieuses de l’époque au taux de mortalité élevé.

Ina est issue de la noblesse russe. Son père est officier et gouverneur d’une province polonaise. Dans ce milieu, le français est souvent la deuxième langue.

C’est donc vers la France que les parents d’Ina se tournent quand ils constatent sa surdité. Une seule école nationale accueille les filles en 1887 : l’institution de Bordeaux. Elle y fait son entrée à l’âge de 7 ans. Elle ne sait pas encore qu’elle y restera toute sa vie.

En 1895, lors de la venue du président de la République, elle est chargée de faire un discours. Elle est en 8è et dernière année d’études et articule comme lui ont appris les religieuses. Elle dit son amour pour la France et parle de l’alliance entre Russes et Français. Les journalistes présents commentent l’événement. Ils parlent d’émotion et de miracle : les sourds parlent. Ils remarquent l’articulation nette. Mais ils utilisent aussi les termes de « machine grossière, informe » pour masquer la gêne de leurs oreilles d’entendants.

Ina ne va pas quitter l’institution.

Après la guerre de 14-18 et sa décoration, elle reste dans l’école, demande la nationalité française et devient officiellement monitrice de peinture.

D’anciennes élèves, maintenant âgées, parlent encore d’une princesse russe logeant dans l’école des sourdes-muettes de Bordeaux.

(Extraits d’une conférence de Marie-Hélène Bouchet et Sandy Sabaté – mai 2019)

Extrait de : Empreintes, la mémoire de Bordeaux métropole, n° 77, juin 2016 : L’INJS et les guerres

Les guerres

1870-1871 : Pendant le siège de Paris, élèves et personnels de l’Institut national des sourds-muets de Paris trouvèrent refuge à Bordeaux, dans les bâtiments neufs et sous-employés.

1914-1918 : Bordeaux étant capitale provisoire de la France (3 septembre – 8 décembre 1914), le ministère du Commerce, de l’Industrie, Postes et Télégraphes s’installa dans l’école. Dès le 24 août 1914 et pendant toute la durée du conflit, les locaux abritèrent l’hôpital auxiliaire n° 1 de la Croix-Rouge, avec 120 lits militaires. Vingt et une infirmières furent décorées par le ministère de la Guerre de la médaille des épidémies (décision du 3 janvier 1918, publication au Journal officiel du 2 juin 1918, page 4762). Parmi elles, 13 religieuses dont la mère Angélique Carnau (médaille d’or), et Ina de Vicouline, sourde (médaille d’argent). Parallèlement, l’enseignement se poursuivait.

1939-1945 : L’école retrouva sa fonction d’hôpital militaire. En avril 1940, des élèves de Paris et de Chambéry furent transférés à l’Institution. Au début juillet 1940, élèves et personnels furent expulsés. Les soldats allemands occupèrent les lieux jusqu’à la Libération.

 

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