Joseph Tronc

Joseph Tronc entre à l’école de Bordeaux en 1840. Il ne croise pas Pétraud déjà parti, mais connaît Chambellan et Pauline Larrouy. Il reste dans l’établissement pendant 12 ans et est repéré comme bon élève.

Joseph est attiré par la peinture. Dans l’institution des sourds, son professeur de dessin est aussi directeur des Beaux-Arts de Bordeaux. Les études finies, Joseph part à Paris, devient professeur de dessin à l’école des sourds et continue sa formation artistique.

Il entre dans l’atelier de Léon Cogniet à l’école des Beaux-Arts de Paris.

Dans les années 1830, Cogniet accueille un premier sourd. Puis, le nombre d’artistes sourds se multiplie.

Joseph Tronc se situe entre les deux grandes générations d’artistes sourds connus au XIXe siècle. Son travail d’artiste ne lui permet pas d’en vivre complètement.

En mai 1879, est inaugurée la statue de l’abbé de l’Épée qu’on peut encore voir dans la cour de l’institut des sourds de Paris.

Dans le récit de l’événement figure une liste de personnalités sourdes, dans laquelle Joseph Tronc est cité à la fois comme enseignant et comme artiste.

Depuis le début des années 1880, l’institution des sourds de Paris tente d’appliquer la réforme des méthodes d’enseignement :

  •       méthode orale pure dans les nouvelles classes et interdiction de l’usage de la langue des signes
  •       séparation des élèves, signants et oralisants
  •       sanctions ou récompenses pour encourager les efforts des élèves dans la voie du « progrès ».

En juin 1887, le directeur supprime les postes des fonctionnaires sourds. Joseph Tronc en fait partie. Il a 57 ans et sa situation est une des plus critiques. Il n’a que 20 ans de services comme professeur de dessin, puis d’écriture. Ses contributions à la Caisse de retraite sont récentes. Il n’a droit qu’à une retraite très faible.

Précisons qu’il n’existe ni statut des fonctionnaires, ni droit syndical pour les agents de l’État.

La carrière d’enseignant de Joseph s’arrête, mais celle de peintre continue. En effet, un numéro de 1891 de la Revue internationale de l’enseignement des sourds-muets nous apprend que le ministère de l’Instruction publique commande à Joseph une copie d’un tableau d’un tsar de Russie. L’article nous parle d’un artiste consciencieux, travailleur infatigable et modeste.

Le dernier document qui nous parle de Joseph, date de 1896. Il a 66 ans.

Un Musée des sourds-muets est créé depuis quelques années dans l’institution de Paris, pour y exposer en permanence les travaux des artistes. Cette année-là, plus de 2.000 œuvres sont réunies.

(Extraits d’une conférence de Marie-Hélène Bouchet et Sandy Sabaté – mai 2019)

Portrait de Léon Vaïsse

Peint en 1890 par Joseph Tronc


Enfin, nous apprenons avec beaucoup de plaisir qu’un autre artiste sourd-muet, Joseph Tronc, professeur honoraire de l’Institution nationale, vient d’être chargé par le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts d’exécuter une copie, de mêmes dimensions que l’original, d’un portrait de Pierre I » surnommé le Grand, empereur de Russie (Musée de Versailles, n° 3634 du catalogue). 

Cette copie est destinée à la décoration du nouvel hôtel de l’ambassadeur de France à St-Pétersbourg. 

Joseph Tronc, élève de J.-P. Alaux, directeur de l’École de dessin et de peinture de la ville de Bordeaux, et de Léon Cogniet, est un peintre distingué qui a produit un grand nombre d’oeuvres de mérite parmi lesquelles nous citerons : un tableau d’histoire, la Résurrection de Jésus-Christ ;le portrait du Frère Isidore, capucin espagnol réfugié dans le département des Pyrénées-Orientales à la suite des troubles civils qui, en 1840, avaient ensanglanté la Catalogne ; le portrait de feu Léon Vaïsse, ancien directeur de l’Institution nationale des sourds-muets de Paris, etc.. 

A l’artiste consciencieux, au travailleur infatigable autant que modeste, nous sommes heureux d’adresser nos sincères félicitations.

 

Revue internationale de l’enseignement des sourds-muets, tome VII

Paris, Librairie Georges Carré, 58 rue Saint-André-des-Arts, 1891-1892


Galerie historique et artistique à l’Institution nationale des sourds-muets. — Nos lecteurs savent que l’Institution nationale possède une très belle collection de vues des principales institutions de sourds-muets de la France et de l’Étranger, de portraits d’instituteurs de sourds -muets et d’œuvres exécutées par des artistes sourds-muets, et ils se rappellent sans doute que nous leur avons fait connaître, il y a quelques mois, la nomination de M. Théophile Denis comme conservateur de la galerie historique et artistique actuellement en réorganisation. 

Après sa réorganisation, cette galerie sera ouverte au public, à des jours et heures qui seront ultérieurement fixés. 

Néanmoins, les personnes disposées à faire des dons ou qui, à un titre quelconque, s’intéressent au succès de l’œuvre, sont admises, dès maintenant, à visiter la galerie. Il leur suffira d’adresser une demande au conservateur, 254, rue Saint-Jacques, qui s’empressera de leur indiquer le jour et l’heure où il aura l’honneur de les recevoir. 

C’est ainsi qu’un certain nombre de personnes ont déjà pu visiter cette galerie. Parmi elles, nous citerons MM. Loustau, peintre, Hennequin, sculpteur, Félix Martin et Chopin, statuaires, Colas graveur, Théobald, professeur honoraire de l’Institution nationale, Douglas Tilden, vice-président du Congrès international des sourds-muets en 1889, Tronc, peintre et professeur honoraire de l’Institution nationale, etc. 

Plusieurs d’entre eux ont eu le plaisir de retrouver de leurs œuvres dans cette galerie, ou des reproductions de leurs œuvres par la gravure, la lithographie ou la photographie. 

 

Revue internationale de l’enseignement des sourds-muets, tome VII

Paris, Librairie Georges Carré, 58 rue Saint-André-des-Arts, 1891-1892

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