Ecriture inclusive
Aux termes de la définition donnée par la circulaire du 21 novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés, l’écriture inclusive désigne « les pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine. »
Voir le Guide pour une communication publique sans stéréotypes de sexe (Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes) :
Guide Egacom Sans Stereotypes 2022 Versionpublique Min 2
ou le Manuel d’écriture inclusive : https://www.univ-tlse3.fr/medias/fichier/manuel-decriture_1482308453426-pdf
extraits du Guide pour une communication publique sans stéréotypes de sexe
Le Ministère de l’Education nationale a publié une circulaire (NOR : MENB2114203C – Circulaire du 5-5-2021) : Règles de féminisation dans les actes administratifs du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et les pratiques d’enseignement : https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo18/MENB2114203C.htm
extraits : « Dans le cadre de l’enseignement, la conformité aux règles grammaticales et syntaxiques est de rigueur. […] Il convient de proscrire le recours à l’écriture dite « inclusive », qui utilise notamment le point médian pour faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un mot employé au masculin lorsque celui-ci est utilisé dans un sens générique. L’adoption de certaines règles relevant de l’écriture inclusive modifie en effet le respect des règles d’accords usuels attendues dans le cadre des programmes d’enseignement. En outre, cette écriture, qui se traduit par la fragmentation des mots et des accords, constitue un obstacle à la lecture et à la compréhension de l’écrit. L’impossibilité de transcrire à l’oral les textes recourant à ce type de graphie gêne la lecture à voix haute comme la prononciation, et par conséquent les apprentissages, notamment des plus jeunes. Enfin, contrairement à ce que pourrait suggérer l’adjectif « inclusive », une telle écriture constitue un obstacle pour l’accès à la langue d’enfants confrontés à certains handicaps ou troubles des apprentissages. »
Le Tribunal administratif de Grenoble a annulé une délibération d’Université rédigée en écriture inclusive (TA Grenoble, 4e chambre, 11 mai 2023, n° 2005367).
extraits : La clarté et d’intelligibilité de la norme constituent un objectif de valeur constitutionnelle auquel doivent satisfaire les actes administratifs.
En l’espèce, la plupart des articles des statuts en litige est rédigé en écriture » inclusive » consistant à décliner, autour d’un point médian, les formes masculine et féminines des mots variables. En attestent les exemples suivants : » Lorsqu’un.e représentant.e des personnels perd la qualité au titre de laquelle il.elle a été élu.e ou lorsque son siège devient vacant, il.elle est remplacé.e, pour la durée du mandat restant à courir par le.a candidat.e de la même liste non élu.e venant immédiatement après le.a dernière.e candidat.e élu.e » (premier alinéa de l’article 7) ; » Le.la Directeur.trice du Service Des Langues est élu.e pour 5 ans au scrutin secret. Il.elle est élu.e au premier tour à la majorité absolue des membres élu.e.s, aux tours suivants, il.elle est élu.e à la majorité relative./ Il ne peut être procédé à plus de trois tours de scrutin au cours d’une même séance en vue de l’élection du.de la Directeur.trice » (premier alinéa de l’article 11) ou encore » La séance est présidée par le.la directeur.rice sortant.e. Si ce.cette dernier.ère est candidat.e, la séance est présidée par le.a doyen.ne d’âge élu.e non candidat.e parmi les enseignant.es, enseignant.es chercheur.es et les chercher.es. » (huitième alinéa de l’article 11).
Conformément au constat opéré par l’Académie française dans sa déclaration du 26 octobre 2017, l’usage d’un tel mode rédactionnel a pour effet de rendre la lecture de ces statuts malaisée alors même qu’aucune nécessité en rapport avec l’objet de ce texte, qui impose, au contraire, sa compréhensibilité immédiate, n’en justifie l’emploi.
Il y a lieu d’annuler pour excès de pouvoir la délibération du conseil d’administration de l’université Grenoble-Alpes du 16 juillet 2020.
https://www.dalloz.fr/documentation/Document?id=TA_GRENOBLE_2023-05-11_2005367#_
Déclaration de l’Académie française sur l’écriture dite « inclusive »
adoptée à l’unanimité de ses membres dans la séance du jeudi 26 octobre 2017
Prenant acte de la diffusion d’une « écriture inclusive » qui prétend s’imposer comme norme, l’Académie française élève à l’unanimité une solennelle mise en garde. La multiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs.
Plus que toute autre institution, l’Académie française est sensible aux évolutions et aux innovations de la langue, puisqu’elle a pour mission de les codifier. En cette occasion, c’est moins en gardienne de la norme qu’en garante de l’avenir qu’elle lance un cri d’alarme : devant cette aberration « inclusive », la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures.
Il est déjà difficile d’acquérir une langue, qu’en sera-t-il si l’usage y ajoute des formes secondes et altérées ? Comment les générations à venir pourront-elles grandir en intimité avec notre patrimoine écrit ? Quant aux promesses de la francophonie, elles seront anéanties si la langue française s’empêche elle-même par ce redoublement de complexité, au bénéfice d’autres langues qui en tireront profit pour prévaloir sur la planète.
Lors de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française, Emmanuel Macron s’est prononcé contre l’écriture inclusive, le 30 octobre 2023 :
« …dans quelques mois, quand la nouvelle édition de l’Académie française sortira, ce sera un moment solennel et important, car c’est un moment de reconnaissance dans notre langue de mots qui sont là, c’est la continuation de la force de notre nation et c’est pour cela aussi qu’il faut permettre à cette langue de vivre, de s’inspirer des autres, de voler des mots y compris à l’autre bout du monde, de continuer à inventer. Mais d’en garder aussi les fondements, les socles de sa grammaire, la force de sa syntaxe et de ne pas céder aux airs du temps. Dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin de rajouter des points au milieu des mots, ou des tirets, ou des choses pour la rendre visible. »
Cyril Liénardy, Julia Tibblin, Pascal Gygax et Anne-Catherine Simon
Écriture inclusive, lisibilité textuelle et représentations mentales
Discours, 33, 2023 : http://journals.openedition.org/discours/12636 ; DOI : https://doi.org/10.4000/discours.12636
L’imposture de l’écriture inclusive
par Véronique LIKFORMAN
https://revuemethode.org/m092109.html
Laure Dasinières, L’écriture inclusive par-delà le point médian, Journal du CNRS
https://lejournal.cnrs.fr/articles/lecriture-inclusive-par-dela-le-point-median
Lundi 30 octobre 2023, le Sénat a adopté par 221 voix pour et 82 voix contre, en première lecture, la proposition de loi visant à protéger la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive.