Français : emplois fautifs

Quelques emplois fautifs relevés par l’Académie française…
https://www.academie-francaise.fr/dire-ne-pas-dire/emplois-fautifs

« Le handicap » ou « L’handicap »
Le nom handicap est tiré de la locution anglaise hand in (the) cap, proprement « main dans le chapeau ». Il a d’abord désigné un jeu de hasard, puis un système visant à donner les mêmes chances à tous les participants d’une course de chevaux, en imposant aux meilleurs d’entre eux de parcourir une distance plus longue ou de porter un poids supplémentaire. Ce sens existe toujours, mais aujourd’hui handicap désigne surtout une infirmité, une déficience accidentelle ou naturelle, passagère ou permanente, qui entrave l’activité physique ou mentale d’un individu. De son origine anglaise, le nom handicap a conservé l’aspiration du h initial, ce qui interdit l’élision de l’article qui précède et la liaison avec les mots au pluriel situés devant lui. Cette remarque vaut aussi bien sûr pour le nom et adjectif handicapé et pour le verbe handicaper.

on dit

on ne dit pas

Le handicap dont il souffre

Il a surmonté ce handicap

Ses lacunes en français vont le handicaper

Une association qui aide les / handicapés

L’handicap dont il souffre

Il a surmonté cet handicap

Ses lacunes en français vont l’handicaper

Une association qui aide les-z-handicapés

« En même temps » au sens de « Cela étant »
C’est à tort que l’on fait de la locution en même temps un synonyme de la locution concessive cela étant, qui signifie « malgré cela, quoi qu’il en soit ». On ne dira donc pas En même temps, s’il était plus intelligent, il serait peut-être moins appliqué, mais Cela étant, s’il était plus intelligent, il serait peut-être moins appliqué. Cette remarque vaut aussi pour à la fois, locution synonyme d’en même temps.

« Aussi » pour « Non plus »
La locution adverbiale non plus sert à souligner la mise en parallèle de deux faits, de deux actions, de deux points de vue, dont le premier est énoncé à la forme négative. Il n’est pas sorti, ni moi non plus. « Je n’en crois rien ! – Moi non plus ! ». Il convient de ne pas remplacer, dans ces phrases négatives, la locution non plus par l’adverbe aussi, qui s’emploie de la même manière mais dans un contexte positif, même si ce tour était encore en usage, au xviie siècle, chez nos classiques. On lisait ainsi dans L’Huître et les Plaideurs, de La Fontaine : « J’ai l’œil bon, Dieu merci. / Je ne l’ai pas mauvais aussi, / Dit l’autre… »

on dit

on ne dit pas

Je n’ai pas aimé le film, mon frère non plus

Il n’a pas répondu correctement, elle non plus

Je n’ai pas aimé le film, mon frère aussi

Il n’a pas répondu correctement, elle aussi

« Une aparté » pour « Un aparté »
Il existe en français une trentaine de noms masculins terminés par -té, qui sont le plus souvent d’anciens participes passés substantivés. Dans cet ensemble hétéroclite, on trouve, entre autres, un député et un comité, un raté et un quinté, un été et un pâté, un côté et un épaulé-jeté. C’est peu au regard des quelque huit cents noms, également terminés par –té, qui sont féminins. Si les masculins les plus répandus ne posent pas de problème de genre, il en est pour lesquels l’usage hésite parfois et choisit, à tort, le féminin, par attraction du genre le plus nombreux. Parmi ceux-ci figure le nom aparté. Rappelons donc que ce mot est un masculin et que dire une aparté serait une faute grammaticale.

on dit

on ne dit pas

Les apartés sont fréquents dans le vaudeville

Il eut un bref aparté avec son collègue

Les apartés sont fréquentes dans le vaudeville

Il eut une brève aparté avec son collègue

Détoxer
Le nom grec toxon, « arc », a eu de nombreux dérivés et,par métonymie, divers sens. Après l’arc, il a rapidement désigné la flèche que projetait cet arc. Par la suite, un dérivé de toxon, le nom toxikon, a désigné un carquois, puis le poison dont on imprégnait les flèches pour qu’elles fussent plus efficaces. À cette forme on doit le nom et adjectif français toxique, mais aussi des termes comme toxine, toxicité et intoxiquer. De ce verbe on a tiré fort naturellement, et voilà plus d’un siècle et demi, l’antonyme désintoxiquer, un verbe, qu’il n’est pas nécessaire de pourvoir de l’inutile doublet détoxer, dont certains magazines et agences de publicité nous abreuvent, quand bien même notre monde pourrait sembler plus toxique qu’il ne l’était à la naissance de désintoxiquer.

Dans cette vidéo, on y voit…
Ce type de phrase, que l’on entend trop souvent, est incorrect car le complément circonstanciel de lieu dans cette vidéo est doublé, dans la même proposition, par le pronom adverbial y. Ce pronom, ici redondant, doit être supprimé et l’on doit dire dans cette vidéo, on voit… L’emploi du pronom de rappel y est bien sûr possible à l’intérieur d’une autre proposition : Cette vidéo est intéressante, on y voit…

« L’idée que Michel s’est fait » ou « L’idée que Michel s’est faite » ?
On écrit L’idée que Michel s’est faite car, lorsqu’un verbe pronominal admet un complément d’objet direct (C.O.D.), l’accord du participe passé se fait comme lorsqu’un verbe transitif direct est employé avec l’auxiliaire avoir, c’est-à-dire avec ledit C.O.D. s’il est placé avant le verbe. Dans la phrase en question, le C.O.D. est le pronom relatif que, qui a pour antécédent le nom féminin idée. Si le complément d’objet direct est postposé, le participe passé restera invariable : Vous vous êtes fait d’inutiles frayeurs.

« Fainéant » prononcé « fai-gnan »
Fainéant est un bel exemple de réfection étymologique visant à donner un sens plus clair à un mot. Cet adjectif et nom s’est d’abord écrit feignant, parce que l’on accusait celui qu’on appelait ainsi de faire semblant, de feindre de travailler. Par la suite, on a jugé fainéant, non plus celui qui feignait de travailler, mais celui qui ne faisait rien : on a donc créé un nouveau mot à l’aide de fait, 3e personne du singulier de l’indicatif présent du verbe faire, et du nom néant. On rappellera donc que, de même que l’on ne prononce pas néant, « gnan » ni anéantir, « agnantir », on ne prononcera pas fainéant, fai-gnan. Les formes faignant et feignant sont considérées comme appartenant à un niveau de langue populaire.

on dit, on écrit

on ne dit pas, on n’écrit pas

Les rois fainéants

Il est fainéant comme une couleuvre

Les rois faignants

Il est faignant, feignant comme une couleuvre

Et autres…
Quand l’adjectif indéfini autres est employé à la fin d’une énumération de noms désignant des êtres ou des objets de même nature, il doit être suivi d’un hyperonyme qui les englobe tous. On dira ainsi des chats, des tigres, des lions et autres félins et non des chats, des tigres, des lions et autres pumas. On se gardera également de terminer ce type de proposition par la seule forme et autres.

on dit

on ne dit pas

Une réunion de boulangers, charcutiers et autres artisans de bouche

Des pommes, des poires, des prunes et autres fruits

Une réunion de boulangers, charcutiers et autres poissonniers

Des pommes, des poires, des prunes et autres

 

En vrai pour En réalité
Les prépositions peuvent introduire des noms (venir de province) ou des groupes nominaux (cela date d’une petite semaine) et parfois des adverbes (cela ne date pas d’hier, venir de loin). L’usage accepte aussi que les prépositions soient suivies de certains adjectifs substantivés : s’inscrire en faux ; parcourir la ville de long en large ; auriez-vous ce modèle en bleu ?, mais cet emploi ne doit pas être étendu à tous les adjectifs substantivés : on évitera ainsi le tour en vrai car nombre de locutions comme en réalité, en fait, à dire vrai, qui ont le même sens, sont déjà parfaitement implantées dans l’usage, et l’on bannira également, quand sera passé le temps des jeux de l’enfance, pour de vrai et pour de faux.

on dit

on ne dit pas

En réalité, en vérité, en fait, je n’ai pas grand-chose à lui reprocher

À dire vrai, il s’entend plutôt mal avec son père

Cet exercice n’est pas très difficile, au fond, à bien y regarder

En vrai, je ne n’ai pas grand-chose à lui reprocher

En vrai, il s’entend plutôt mal avec son père

Cet exercice n’est pas très difficile, en vrai.

« À deux kilomètres » ou « Dans deux kilomètres »
Les prépositions à et dans peuvent s’employer pour introduire un complément de lieu, mais selon qu’on utilise l’une ou l’autre, la manière dont on envisage ce complément n’est pas exactement la même. Avec à, le complément est perçu comme un point dans l’espace, tandis que, avec dans, il est perçu dans son extension. Si ce complément est une distance, on emploiera à pour indiquer la distance séparant le point pris comme référence du point à atteindre, tandis que si l’on emploie dans, on insistera sur la distance à parcourir avant d’atteindre le point souhaité. On dira ainsi Sa maison est à deux kilomètres du village, mais Dans deux kilomètres vous arriverez au village. On se gardera également de dire À six cents mètres, tournez à droite quand il est nécessaire d’user de la préposition dans (Dans six cents mètres, tournez à droite). Cette remarque vaut aussi pour les cas où la distance est exprimée par une unité de temps : Il habite à vingt minutes du village, mais Dans vingt minutes, vous serez au village.

« Complètement » pour « Oui »
L’adverbe complètement signifie « entièrement, tout à fait ». Il faut, pour ne pas l’affaiblir, éviter d’en faire un adverbe de phrase qui serait l’équivalent de « oui ». L’emploi d’un adverbe d’intensité pour donner plus de force à une réponse est un tic de langage et une mode dont on peut espérer qu’ils sont passagers et qu’ils disparaîtront bientôt. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à un autre adverbe d’intensité, absolument, dont on abusait naguère, une fois encore, à la place de « oui ».

 

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