Histoire du français (4)

extrait de la frise chronologique : https://www.atilf.fr/actualites/frise-histoire-du-francais/

Alain Rey (ed.), Mille ans de langue française, Ed. Perrin, 2007 (1476 pages) – résumé

 

Haut Moyen-Age

Au haut Moyen Age, la littérature est latine. La littérature vernaculaire est seconde, quantitativement et qualitativement. Beaucoup de textes, comme des romans, s’inspirent de la littérature latine, voire grecque. Au 12ème s., les textes vernaculaires s’écartent des thèmes chrétiens. La littérature vernaculaire est plus raffinée.

L’aristocratie s’affirme par une littérature courtoise. 12ème s., essor de la littérature en langue d’oïl. Le latin se spécialise dans des emplois scolaires, scientifiques ou religieux.

La cour impose Charlemagne comme figure tutélaire de la royauté (le roi Arthur du côté des Plantagenêts). L’écriture de l’histoire (notamment des figures tutélaires) est aussi importante que l’œuvre législatrice.

Des auteurs revendiquent la paternité de leur œuvre, et donc la valeur de leur langue. Le bien dire est associé à un nom d’auteur, alors que jusque là, les œuvres étaient généralement anonymes.

Dès le 12ème s., des poètes en langue romane se multiplient, mais surtout dans la deuxième partie du Moyen Age.

Le latin a longtemps été langue du savoir. Le français langue de savoir est un long cheminement. Dans un premier temps, le français n’est pas outillé par rapport au latin savant. Sont produites alors de simples adaptations. Puis vient le temps des traductions – avec un travail linguistique plus important. Et dans un troisième temps, l’expression directe en français, sans intermédiaire latin. Au 12ème s. paraissent les premiers ouvrages scientifiques en français et au 13ème s., les première encyclopédie en français.

Milieu du 14ème s., on assiste à une recrudescence des traductions en français, à la demande des rois.

Les lacunes lexicales du français font l’objet de néologismes, emprunts… Le latin est considéré plus précis et concis, le français trop prolixe, obligé d’expliciter davantage. De même, les structures de phrases sont ‘dépliées’ pour être comprises. Ce n’est que progressivement que le français sera écrit avec des phrases plus complexes.

Les traducteurs récusent la possibilité de traduire mot à mot, mettant l’accent sur le sens, phrase par phrase. Certaines traductions collent trop au latin – et ne sont pas comprises. Du 9ème au 12ème s., beaucoup de mots savants français sont empruntés au latin. De même, des structures de phrases latines sont transposées en français.

Au 12ème s., apparition du relatif double (lequel) ; développé aux 14ème et 15ème s. (auquel, laquelle…). Egalement, diffusion des constructions participiales absolues, analogues à l’ablatif absolu latin.

Certains auteurs se méfient des néologismes, préférant les paraphrases. D’autres auteurs développent les néologismes (latinismes), dont un certain nombre se répandent. Parmi les paraphrases : polynomie synonymique (civitas = bourgeoisie et franchise ; expediti = habiles, légers et hardis). Un mot latin est traduit par plusieurs mots français coordonnés. Le calque sémantique est un néologisme de sens : un mot français est utilisé, mais avec le sens du mot latin.

La création de néologismes aboutit à des doublets. auricula = oreille + auricule. Des néologismes entrent en concurrence avec des termes hérités du latin parlé : triste/dolent, pousser/bouter, comprendre/entendre, dormir/sommeiller, donner/bailler… Des mots sont relatinisés : essemple = exemple, norretur = nourriture…

Par souci de simplicité, certaines consonnes doubles sont éliminées, des lettres parasites supprimées, des graphies changent pour se rapprocher du latin. Cela montre une conscience grammaticale et orthographique.

Nombre de ces néologismes subsistent en français moderne. Au 15ème s., on passe d’une situation de diglossie à un bilinguisme égalitaire, voire à un monolinguisme. Le lexique qui au 13ème s. peut être flou devient plus précis au cours du 14ème s. Au 16ème s., tous les domaines scientifiques peuvent être abordés en français, sans paraphrase.

Fin 15ème s., la latinisation du discours devient sujet de moqueries.

On parle d’abord des langues vulgaires dans les traités sur le latin ou sur le langage. Puis les prologues de traductions notent des remarques linguistiques. Au 15ème s. apparaissent les traités de rhétorique (non de grammaire).

Au 16ème s., les langues vulgaires sont considérées comme imparfaites, inaptes à la réflexion grammaticale : seul le latin y pourvoit. Le latin s’apprend par des règles. Les langues vulgaires s’apprennent par contacts. Pour certains, ce qui manque aux langues vulgaires est une terminologie grammaticale adaptée. Pour certains, il est inutile de chercher les règles de sa langue maternelle puisqu’on peut s’en passer pour la maîtriser (14ème s.).

Apparaissent d’abord quelques réflexions grammaticales éparses. A partir du 12ème s., des termes grammaticaux apparaissent en français. Au 15ème s., création d’un lexique français concernant les principaux problèmes de syntaxe du latin.

Après 1066, le français s’impose en Angleterre comme langue de prestige. Avec des Normands au pouvoir, le français devient langue maternelle d’une partie de la noblesse anglaise et de la bourgeoisie. A partir du 13ème s., des manuels de français sont rédigés. 4 types de manuels de français : les nominalia (glossaires thématiques), les traités d’orthographe (prononciation, morphologie et syntaxe), les Artes dictaminis (modèles de correspondance) et les manuels de conversation (pour touristes, voyageurs, commerçants).

Début 15ème s., la plus ancienne grammaire française est le Donait de Barton (selon l’Ars minor de Donat). Troisième décennie du 16ème s. : premières grammaires exhaustives du français (1530 : Palsgrave, puis 1531 : Jacques Dubois).

Pour ce qui est des glossaires, fin du Moyen Age apparaissent des lexiques bilingues latin-français. L’étymologie est source de néologismes.

Le latin scolastique s’écarte du latin classique. Mais pour Pétrarque et la Renaissance, on doit retrouver l’âge d’or de l’Antiquité et abandonner le latin corrompu de « l’âge moyen ». Seconde moitié du 15ème s., impulsion de l’humanisme français (Guillaume Fichet) : l’Université de Paris enseigne de nouveau le latin classique (et non scolastique). Mais ce latin restauré devient inaccessible aux semi-lettrés qui se tournent davantage vers le français. Voulant restaurer le latin, cela conduit à mettre en avant le français !

IV Le français au contact

Une langue évolue d’abord de manière interne : des termes argotiques deviennent communs, des régionalismes se généralisent…

La France est dans un bilinguisme collectif : latin (langue du sacré)/français, langue quotidienne et un bilinguisme individuel : dialecte / français.

La connaissance d’une langue étrangère était relativement rare au Moyen Age.

Le français a une influence internationale pour des raisons démographique, de migration, religieuses, commerciales. Prestige de l’Université de Paris au 13ème s. et de la littérature française. Mais les vicissitudes politiques amoindrissent l’influence de l’Université de Paris au 15ème s.

Pour certains, le français est associé aux romans, l’occitan à la poésie. Français au Nord, au contact du breton, du flamand et de l’allemand. Occitan au Sud. Francoprovençal au Sud-Est.

Les vikings ont une assimilation rapide. La majorité abandonnent leur langue maternelle en 2 ou 3 générations. Quelques termes vikings passent en français, notamment dans le domaine maritime : flâner, cingler, l’écoute, hune, vague, crabe, turbot, guichet, harnais…

Entre occitan et langue d’oïl se situe une zone d’interférences. Pendant longtemps, incompréhension entre locuteurs des deux langues. Le pouvoir royal prend de plus en plus d’importance dans le Sud de la France, mais le français ne concerne, au début, que les milieux cultivés. Le Poitou-Saintonge est d’abord occitan. Ce n’est qu’au 13ème s. qu’il bascule dans le domaine d’oïl.

Au 13ème s., après la croisade des Albigeois, le comté de Toulouse est rattaché au domaine royal. Le français devient langue véhiculaire, la poésie occitane perd de sa vigueur. L’occitan continue à être pratiqué, y compris dans les actes administratifs jusqu’au 16ème s. En 1513, les Jeux floraux de Toulouse ne couronnent plus que des œuvres en français !

En Guyenne-Gascogne, trois siècles de domination anglaise ont introduit des mots anglais. Jusqu’à la fin du 12ème s., le latin est employé dans les documents administratifs. Puis l’occitan de 1250 à 1400. Puis le français. Au 15ème s., le Sud-Ouest passe définitivement sous domination française.

En Provence, la francisation est tardive, au 16ème s., sauf à Avignon. Dans le Limousin. La francisation se développe au 16ème s. En Auvergne, du 13ème au 15ème s., domination de l’occitan. Puis le français au 16ème s.

Après la guerre de Cent Ans, des immigrants de langue d’oïl peuplent une partie du bordelais, l’Entre-deux-mers, Blaye et Coutras : les gabaïs ou gavaches (saintongeais, poitevins…). Au début du 16ème s., le français prend de plus en plus d’importance dans les écrits administratifs et juridiques. Mais l’occitan reste la langue parlée.

Plus de 1600 occitanismes passés en français : escrime, épinard, palefrenier, soubresaut, goujat, cantonné, escalade, cap, corsaire, escargot, merlu, langouste, muscat, contester, vignoble, racler…

Le francoprovençal est variable localement, réservé à un usage privé, peu écrit.

Pour le breton, entre 450 et 650, des gallois s’installent en Armorique. On assiste à une receltisation à partir du 11ème s., le breton est langue du pouvoir. A partir du 12ème s., emprunts au français. Au nord de la Bretagne, le breton perd de son prestige à partir du 12ème s. En Basse Bretagne, le breton garde son aura, mais le français se généralise dans l’administration fin 13ème s. Différences également entre l’ouest, plus bretonnant, et l’est, plus roman.

L’Angleterre est sous domination des Normands. Pendant trois siècles, l’anglais cesse d’être la langue officielle. Mais le peuple continue à parler anglais. Le français est pratiqué surtout par la noblesse, une partie du clergé et des bourgeois. Aux 14ème et 15ème s., le français perd de son influence. Mais l’anglais emprunte des mots au français. Lors de la conquête normande, se développe le « moyen anglais » (1100-1500). Quelques influences syntaxiques du français sur l’anglais. Surtout, influence sur le lexique : vocabulaire juridique, du pouvoir, de l’administration, guerre, chasse, architecture, mode…

Les emprunts sont peu nombreux du français à l’italien : avarie, coton, golfe, sucre, perle, banque, douane, magasin, citadelle…

Au contraire le français influence l’espagnol. Influence moindre de l’espagnol sur le français.

L’influence du néerlandais se note dans le vocabulaire : saur, matelot, tribord, fret, échoppe, étape, maquereau, digue, rigole, bière, arquebuse.

L’influence de l’arabe porte notamment en mathématiques : zéro, algèbre, zénith… mais aussi en médecine, astrologie, fruits, animaux…

L’influence du français est grande en Europe jusqu’au 15ème s., puis elle diminue.

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