L’audition des animaux

L’audition humaine se situe entre 20 et 20000 hertz, et entre 0 et 120 décibels.

Environ 53 % des animaux entendent et 47 % sont dans le silence physiologique total.

Parmi les animaux qui entendent, les systèmes auditifs sont très variés : les sauterelles et les grillons ont leurs oreilles sur leurs pattes, les chrysopes à la base de leurs ailes, les cigales dans leur abdomen, les mouches et des moustiques dans leurs antennes, et les poissons entendent avec leur vessie natatoire, cachée dans leurs entrailles.

D’autres animaux n’ont pas une audition à proprement parler, mais sont sensibles aux vibrations. Les vers de terre montent à la surface lorsque la pluie tambourine le sol.

Les sons perçus varient beaucoup selon la physiologie des animaux. Par exemple les cigales ne perçoivent pas la voix humaine, trop grave pour leur système auditif, mais elles entendent les voitures rouler sur le bitume par le bruit du frottement des pneus.

Le bruit est également une question temporelle. La durée minimale des silences détectables varie selon les espèces. Elle est de 30-40 millisecondes chez les poissons, de1 à 10 millisecondes chez les oiseaux, de 4 à 5 millisecondes chez l’homme, de 2 à 3 millisecondes chez les chauves-souris et inférieure à 1 milliseconde chez certains amphibiens et insectes. Ainsi, certains silences passent totalement inaperçus pour certaines espèces, mais pas pour d’autres. Le chant des serins, par exemple, est organisé en trilles composées de « syllabes » émises à une moyenne de 23 syllabes par seconde, avec des notes espacées de pauses de 3 millisecondes. L’oreille humaine ne peut donc pas les percevoir.

De même, l’oreille humaine ne perçoit pas les ultrasons. Avec un appareil adapté, on peut enregistrer les ultrasons émis par les sonars des chauves-souris. Ainsi, un lieu qui peut paraître silencieux pour l’homme est en fait rempli de bruits pour certains animaux.

Egalement, les papillons de nuit émettent des ultrasons à la saison des amours. L’organe auditif des papillons de nuit est exclusivement centré sur les ultrasons, les sons émis par les chauves-souris, leurs prédateurs…

Diverses espèces produisent également des ultrasons, comme les souris ou certains oiseaux.

Les infrasons jouent un rôle dans la communication chez certains mammifères tels que les éléphants, les baleines, les dauphins (9 hertz chez certaines espèces), les furets (16 hertz) les okapis et peut-être les girafes, voire certains poissons (le Poisson rouge les perçoit un peu sous les 20 hertz).

Par exemple, l’éléphant peut communiquer à grande distance (une trentaine de kilomètres) en produisant des infrasons avec son larynx (cachés dans le barrissement) ou en frappant des pieds sur le sol. L’onde sismique est alors perçue par la partie vestibulaire de son oreille interne (crêtes des ampoules des canaux semi-circulaires, macules utriculaires et sacculaires).

La manière de produire des sons varie aussi beaucoup. Par exemple les cigales chinoises produisent des claquements sonores par le battement de leurs ailes contre leur corps, pendant les rencontres de partenaires sexuels. Autre cas :  le nandou d’Amérique produit, le matin et le soir, des « boums », des sons explosifs d’environ 1 seconde et de basses fréquences – autour de 125 hertz.

Ainsi, chaque espèce vit dans son monde sensoriel, et il est impossible de s’imaginer la manière dont les autres espèces perçoivent le monde.

Extraits de Jérôme Sueur, Histoire naturelle du silence, Actes Sud, 2023

Voir également : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ultrason et https://fr.wikipedia.org/wiki/Infrason