L’enrichissement de la langue française

La CELF

Placée auprès de la Première ministre, la Commission d’enrichissement de la langue française (CELF) a pour mission « de favoriser l’enrichissement de la langue française, de développer son utilisation, notamment dans la vie économique, les travaux scientifiques et les activités techniques et juridiques, d’améliorer sa diffusion en proposant des termes et expressions nouveaux pouvant servir de référence, de contribuer au rayonnement de la francophonie et de promouvoir le plurilinguisme » (art. 11). Elle est responsable de la publication au Journal officiel de toutes les listes de termes qu’elle a examinées et validées.

La Commission est composée de dix-neuf membres : son président, Frédéric Vitoux, de l’Académie française ; six membres de droit dont le délégué général à la langue française et aux langues de France, le Secrétaire perpétuel de l’Académie française, l’un des deux Secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences, le représentant de l’Organisation internationale de la francophonie, le président de l’ARCOM, le président de l’AFNOR ; et douze personnalités qualifiées nommées par le ministre de la Culture sur proposition des ministres et des autorités désignés par le décret du 3 juillet 1996.

Ce dispositif interministériel et interinstitutionnel est coordonné par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture.

https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Langue-francaise-et-langues-de-France/

Les critères retenus pour le choix des termes

Les travaux portent sur l’apparition de notions encore mal connues mais vouées à se répandre et qu’il convient donc de définir et de nommer en français. En matière de néologie, le dispositif respecte quelques critères simples quant au choix du terme :
– sa nécessité ou son opportunité,
– sa pertinence,
– sa clarté par rapport à la notion qu’il doit désigner, l’entrée devant être en adéquation avec la définition,
– sa cohérence par rapport aux termes publiés précédemment,
– enfin, sa conformité au système morphologique et syntaxique du français.

Le dispositif peut recourir ponctuellement à une autre forme de publication au Journal officiel. Il s’agit de recommandations à caractère plus large, concernant des notions relativement peu spécialisées et pouvant relever simultanément de différents domaines, presque toujours désignées en anglais alors qu’il existe déjà divers équivalents français. Il n’est donc nécessaire ni de les définir avec précision, ni de leur donner un nouvel équivalent. En 2022, la Commission a publié des recommandations pour les termes tote bag, fashion, NIMBY (not in my backyard), NIABY (not in anybody’s backyard)…

Nouveaux termes

Près de 240 nouveaux termes ont été publiés en 2022, plus de 9 000 depuis 1972. Parmi les nouveaux termes publiés en 2022 :

1. Des néologismes de forme
Autopoïèse (autopoiesis, qui désigne la propriété des organismes vivants de générer eux-mêmes leur organisation structurale et fonctionnelle, en interaction avec leur environnement), biocharbon, break, dédomestication, désoccidentalisation (westlessness), démocratie écocentrée (ecocentric democracy ou ecodemocracy, pour qualifier une démocratie qui définit ses orientations en accordant la priorité à l’écologie), écoanxiété (solastalgia, à la croisée des domaines liés à la santé et à l’environnement), écocide (ecocide, dans le domaine de l’environnement), extractivisme (extrativismo en portugais et extractivismo en espagnol) et néoextractivisme (neo-extrativismo en portugais et neo-extractivismo en espagnol), en lien avec l’exploitation de ressources naturelles, en particulier minières, intrajeu (in-game, pour désigner les publicités intégrées aux jeux vidéo), monovoiturage (pour contrer autosolisme, en usage mais insuffisamment explicite), neuroprothèse (neuroprosthesis, utilisé pour désigner les dispositifs médicaux électroniques ou électromécaniques reliés au système nerveux, qui permettent de pallier la défaillance d’un organe ou d’une fonction), subitisation (subitizing, qui correspond, dans le domaine de l’éducation, à la capacité spontanée à appréhender, sans compter, le nombre des éléments d’un petit ensemble), et son pendant numérosité (numerosity, qui correspond, lui, au nombre d’éléments d’un ensemble susceptible d’être appréhendé par « subitisation »), oncoprotéine et son synonyme protéine oncogénique (oncoprotein), payer pour gagner, prépublication (preprint ou submitted version), qubit (ou bit quantique), réensauvagement (rewilding), rétrojeu (vidéo), squelettage (rigging), une seule santé (one health), transnationalisme (transnationalism), vertiport (sur le modèle de héliport), vidéoverbalisation (dans le code de la circulation).

2. Des néologismes sémantiques
Défiguration (defacement, pour désigner le piratage informatique de sites de la toile, préféré à défaçage, calque obscur de l’anglais), cambrure (camber, pour désigner la courbure d’une planche de surf), distanciation (physique et sociale) (distancing), envolée (aerial, une figure qui consiste à décoller avec une planche de surf au-dessus de la vague), épaule et cœur (de la vague) (shoulder et curl), État profond ou souterrain (deep state), gazelle (scale-up) et licorne (unicorn), moissonnage (de données) (web scraping), passe-passe et pause (footwork et freeze ; deux figures de break qui consistent, pour la première, à enchaîner au sol, en appui sur une ou deux mains, des mouvements techniques des pieds et des jambes…, et, pour la seconde, à tenir en appui sur une ou plusieurs parties du corps), syllabus (syllabus, un document pédagogique qui fait office de support de cours), tournant décisif (game changer), tube (barrel, dans le domaine du surf).

3. Des termes sans équivalent étranger
Casier sédimentaire (qui complète une autre notion recommandée au JO, la cellule sédimentaire, qui évalue l’évolution géomorphologique du littoral), corridor écologique nocturne, empreinte lumineuse (dernière-née des empreintes mesurant la pression exercée par l’humanité sur l’environnement), réserve de ciel étoilé et trame noire – quatre termes relatifs à la pollution lumineuse et ses conséquences sur les populations animales ou végétales –, ou encore dédomestication ne disposent pas d’équivalent étranger. L’intérêt de la recommandation officielle de ces termes réside dans leur explicitation. C’est particulièrement le cas d’accès libre (qu’il convenait de distinguer de l’accès ouvert, avec lequel il est souvent confondu), d’algorithme quantique hybride, d’altermobilité (dont la formation ne permet pas de percevoir immédiatement le sens ; il ne s’agit pas tant d’une mobilité faisant appel à des modes de transport différents que d’une mobilité qui exclut le recours à l’automobile), ou encore, dans la même thématique, de voiturage en solo.

https://www.culture.gouv.fr/content/download/331219/5818291?version=6

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