Les enfants et les écrans

Président de la République

Lors de sa conférence de presse du mardi 16 janvier 2024, Emmanuel Macron a abordé la question du rapport entre les enfants et les écrans.

Emmanuel Macron veut « déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants ». « On a déjà interdit le portable au collège, mis en place un contrôle parental automatique sur les téléphones ».

Une commission d’experts, « cliniciens, sociologues, épidémiologistes », a été installée et rendra ses conclusions en mars : la commission devra « établir un consensus scientifique ». Puis les experts devront donner un « mode d’emploi » pour mieux « accompagner les familles ». « Il y a aura peut-être des interdictions, des restrictions ».

« On a des enfants de deux ans qui passent parfois plusieurs heures devant un écran », a souligné le chef de l’État. Selon une étude de février 2022, les enfants de moins de deux ans passent en moyenne 3 heures 11 chaque jour devant les écrans : 1 heure 22 devant la télévision, 44 minutes sur un smartphone, 34 minutes sur une tablette, 17 minutes sur un ordinateur et 14 minutes sur une console…

« Beaucoup d’ados ont accès au savoir, à l’info, à l’actualité uniquement par les écrans », a aussi souligné le président de la République. Or, a-t-il insisté, « passer du temps devant un écran a un impact sur le développement sensoriel, cognitif. Cela donne aussi un rapport à la vérité et à la contre-vérité » qui est « un vrai sujet pour nos démocraties ». « Bonjour la génération de complotistes », a ironisé Emmanuel Macron. Les écrans, a-t-il ajouté, « exposent aussi à des phénomènes de société qui font souffrir nos jeunes et nos ados » (harcèlement, expositions à la pornographie etc.).

https://www.france.tv/actualites-et-societe/magazines-d-actu/5638911-conference-de-presse-du-president-de-la-republique.html

Haut Conseil de la santé publique

Le HCSP a publié différents rapports et avis sur les effets de l’exposition des enfants et des jeunes aux écrans :

Analyse des données scientifiques : effets de l’exposition des enfants et des jeunes aux écrans (2020) : https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspr20191212_effedelexpodesenfaetdesjeunauxcr.pdf

Effets de l’exposition des enfants et des jeunes aux écrans (seconde partie) : de l’usage excessif à la dépendance (2021) : https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/AvisRapportsDomaine?clefr=1074

Résumés :

Les écrans font aujourd’hui partie du quotidien. La littérature apporte des éléments contradictoires sur l’effet des écrans sur le développement cognitif de l’enfant, ses apprentissages, et sur les troubles de la santé mentale. Les effets sur le sommeil sont établis et sont plus importants si le temps d’utilisation augmente. Les comportements associés aux écrans sont responsables de l’augmentation du surpoids : prises alimentaires augmentées, temps de sommeil réduit et de qualité altérée. Les chercheurs font état d’un risque significatif lorsque les enfants et les adolescents ont accès à des contenus sexuels, pornographiques ou violents. Les écrans peuvent avoir des effets positifs dans certaines situations. Il existe des différences de comportements vis-à-vis des écrans en fonction des catégories sociales.

Le HCSP recommande :

  • Avant l’âge de 3 ans, les écrans sont à proscrire si les conditions d’une interaction parentale ne sont pas réunies. Interdire les écrans 3D pour les enfants âgés de moins 5 ans.
  • Ne pas disposer d’écran dans la chambre des enfants et ne pas les laisser regarder la télévision une heure avant l’endormissement.
  • Accompagner la consommation d’écran en fonction des écrans, des catégories d’âge et des contenus.
  • Trouver un équilibre entre autorisation et interdiction, et limiter le temps d’utilisation pour consacrer du temps aux autres activités.
  • Être capable de repérer les signes d’alerte d’une utilisation excessive des écrans et demander aide et conseil.

Le soutien à la « parentalité » et la formation des adultes doit intégrer la problématique des écrans.

Les nombreuses incertitudes scientifiques soulignent le besoin de développer la recherche.

(seconde partie)

Suite à un premier avis en décembre 2019 sur les risques de l’exposition aux écrans, le Haut Conseil de santé publique (HCSP) étudie leur usage problématique. L’usage dysfonctionnel de l’Internet avant la pandémie, concernait environ 13% des jeunes de 12 à 14 ans. Les mesures liées au Covid-19 ont augmenté la surconsommation et la dépendance aux écrans. De nombreux tests de mesure du risque de dépendance aux écrans ont été développés dans le monde, ils doivent être fiables et valides pour identifier les jeunes joueurs dépendants, ou à risque de basculer vers un usage problématique. Les producteurs de technologies numériques utilisent ces effets addictogènes et le pouvoir attractif, ce risque « captatif » des écrans n’épargne aucun âge, mais peut entrainer à l’adolescence un décrochage scolaire. Dans ses recommandations, le HCSP préconise de former aux objets numériques les jeunes et leur famille, et de ne pas systématiquement médicaliser les usages intensifs quand les utilisateurs ont la capacité de garder le contrôle sur leur usage ; il est recommandé de renforcer en milieu scolaire les compétences psycho-sociales et l’apprentissage de la verbalisation des émotions suscitées par les images. Le HCSP insiste aussi sur la responsabilité sociétale des industriels et propose d’inscrire dans le débat éthique l’exposition des enfants mineurs à des incitations à la violence, au harcèlement, au sexisme et à des influences en lien à l’accès à internet et aux réseaux sociaux.

Organisation mondiale de la santé

Lignes directrices sur l’activité physique, la sédentarité et le sommeil chez les enfants de moins de 5 ans : https://iris.who.int/handle/10665/331751

https://iris.who.int/bitstream/handle/10665/331751/9789240004078-fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y

(extraits)

Les données actuellement disponibles sont tirées d’études sur le temps d’écran sédentaire et le temps d’immobilisation (longue période passée par l’enfant sans pouvoir se déplacer librement, ni jouer) visant à comparer l’application et la non-application de la recommandation de 2012. Il en ressort que l’application est associée à de meilleurs indices sanitaires. Aucune donnée n’était favorable à une prolongation du temps d’immobilisation.

Le GDG a reconnu que le temps de sédentarité peut inclure du temps passé à jouer calmement sans appareil électronique. Ces activités (puzzles, jeux de construction, dessin, coloriage, découpage, chant, musique, etc.) sont importantes pour le développement de l’enfant et ont des bénéfices cognitifs. Lors de l’élaboration de cette recommandation, le GDG a jugé important de souligner l’intérêt particulier des échanges avec un adulte pendant le temps de sédentarité. En cherchant à évoquer toutes les activités sédentaires potentiellement bénéfiques, on risquerait d’oublier une activité importante dans un contexte donné.

La recommandation du GDG est « forte » car les résultats désirables de la réduction du temps de sédentarité et du temps d’immobilisation l’emportent sur les inconvénients possibles. Les avantages d’une réduction du temps d’écran sédentaire (télévision, visionnage de vidéos, jeux sur l’ordinateur) sont une adiposité moindre et une amélioration du développement moteur et cognitif et de la santé psychosociale. Les bénéfices d’une réduction du temps d’immobilisation (dans un siège de voiture, un landau, une poussette, une chaise haute ou sur le dos d’un adulte) sont une adiposité moindre et une amélioration du développement moteur. Le bénéfice d’une augmentation du temps passé à écouter un adulte lire ou raconter une histoire (assis ou allongé) est une amélioration du développement cognitif. Aucune donnée n’a indiqué que la réduction du temps d’écran sédentaire et du temps d’immobilisation pouvait avoir des effets dommageables.

Aucune donnée n’était disponible sur les valeurs et les préférences, ni sur la faisabilité et l’acceptabilité des recommandations. Le GDG a conclu que, même si l’adiposité chez l’enfant peut être jugée de manière différente d’un groupe à l’autre, et même si la réduction du temps d’immobilisation des nourrissons peut s’avérer problématique dans certains contextes (en raison des normes et des valeurs culturelles et de la multiplicité des responsabilités assumées par les personnes responsables des enfants), la réduction du temps d’écran et du temps d’immobilisation présente des avantages supérieurs aux inconvénients ou aux coûts possibles et peut améliorer l’équité en santé en améliorant les indices sanitaires.

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