L’interprétation en langue des signes

Présentation

Présentation par l’Association française des interprètes et traducteurs en langue des signes

L’interprète est un professionnel des langues. Il permet à deux communautés linguistiques de pouvoir communiquer, chacune dans sa propre langue et en respectant les codes de sa propre culture.

Bilingue et biculturel

Un interprète maîtrise parfaitement ses langues de travail, les pratique avec aisance, peut aborder des sujets inédits et comprendre la majorité des locuteurs. Il est donc bilingue. On dit aussi que l’interprète est biculturel car, en plus d’une culture générale développée, il se doit de connaître les spécificités culturelles en lien avec ses langues de travail afin d’assurer une prestation de qualité.

Formé, diplômé

Un très bon niveau dans tous les domaines précités ne suffit pas. L’interprète est diplômé à la suite d’un parcours universitaire long (MASTER : BAC+5) qui valide à la fois ses compétences linguistiques, sa capacité à transmettre le sens d’un discours tout en changeant de langue (et donc de culture) mais aussi sa compréhension et sa bonne application des règles déontologiques et éthiques de sa profession.

Déontologie et éthique

L’interprète suit un code éthique : ensemble de règles de déontologie et de conduite professionnelle. Les trois règles déontologiques fondamentales sont :

  • la neutralité,
  • la fidélité,
  • le secret professionnel.

De plus, toujours dans un souci de qualité, l’interprète suit un code de conduite professionnelle propre à son métier. Il doit, par exemple, respecter des temps de repos et ne peut intervenir tout seul pour certaines prestations.

Polyvalence

Un interprète peut être amené à intervenir dans des contextes très variés : milieu judiciaire, milieu médical, enseignement ou formation, services publics, sociaux ou administratifs, conférences et vie culturelle.

http://www.afils.fr/

Présentation par la Commission européenne

https://knowledge-centre-interpretation.education.ec.europa.eu/fr/node/153

EFSLI – Forum européen des interprètes en langue des signes

https://efsli.org/

WASLI – Association mondiale des interprètes en langue des signes

https://wasli.org/

 


Thèses

Emeline Arcambal

L’interprète en langue des signes en situation pédagogique : adaptabilité, enjeux, éthique, tactiques

Thèse de doctorat. Linguistique. Université de la Sorbonne nouvelle – Paris III, 2022

Résumé : Grâce à l’observation du rôle de l’interprète en interaction, les recherches sociolinguistiques, inscrites dans la lignée de Seleskovitch (1968), ont permis de mettre en lumière la notion d’adaptabilité de l’interprète pour répondre aux attentes du « trilogue ». Qu’il soit interprète en langue vocale ou en langue des signes, le professionnel est désormais vu comme un médiateur de l’interaction qui prend sa place dans les échanges pour permettre à la situation de communication de trouver une issue favorable (Wadensjö, 1998 ; Roy, 1999 ; Metzger, 2000 ; Llewellyn-Jones et Lee, 2014). S’il est une situation où les enjeux sont multiples et bien spécifiques, c’est bien l’interprétation pédagogique. Propre aux interprètes en langue des signes, cette situation aux attentes et aux besoins complexes requiert une adaptabilité constante de l’interprète. En effet, la langue de scolarisation des enfants sourds reste le français, mais l’enseignement se fait via la langue des signes de l’interprète. C’est pourquoi, comme le précise Séro-Guillaume (2011), il est nécessaire que l’interprète tienne compte de tous ces enjeux afin de ne pas faire obstacle à la visée pédagogique du discours. Néanmoins, le vide lexical existant entre le français et la langue des signes (Pointurier, 2014) amène les interprètes à user de tactiques traductives pour ne pas faire obstacle à l’objectif de l’enseignant : l’acquisition de connaissances nouvelles par l’élève sourd. C’est pourquoi, il convient de se demander comment la situation de communication et l’éthique personnelle de l’interprète influent sur ses choix tactiques ? Quel est le rôle et la place de l’interprète en milieu pédagogique ? Le cadre théorique de la Théorie Interprétative de la Traduction et le Modèle d’efforts de Daniel Gile nous permettront de partir des contraintes des interprètes, à des fins d’analyse. Puis, grâce à une recherche empirique basée sur deux corpus naturalistes et l’analyse de deux focus groups et d’interviews, nous tenterons de mettre en lumière l’adaptabilité de l’interprète aux interactions, sa collaboration avec les participants pour permettre aux échanges de se dérouler sans encombre et sa gestion des enjeux de la situation de communication pour ne pas faire obstacle à la visée pédagogique du discours. Ces analyses nous permettront également de compléter et préciser le modèle d’efforts de Gile, en y incluant les contraintes propres à l’interprétation en milieu pédagogique.

https://hal.science/tel-04069720v1


Florine Archambeaud

Vers un modèle des espaces en interprétation du Français vers la Langue des Signes Française

Thèse de doctorat. Linguistique. Université de la Sorbonne nouvelle – Paris III, 2022

Résumé : Si beaucoup d’études linguistiques ont analysé l’espace de signation en situation de production simple (Cuxac, Sallandre, Millet, 2007 et précédents), peu s’intéressent à ce sujet en situation d’interprétation (Pointurier 2012 et suivants). Après avoir commencé par analyser l’utilisation de cet espace de signation en situation de traduction, nous avons identifié l’existence de multiples espaces qui entourent l’interprète. En effet, au-delà du passage stricto sensu d’une langue à l’autre, l’interprète doit composer avec beaucoup d’autres influences spatiales, il effectue son travail dans une situation de communication particulière (Wadensjö, 2005). Ce travail de recherche a été réalisé en tant qu’interprète professionnelle, il est le fruit de multiples interactions entre la théorie et la pratique. Véritable recherche-action, il propose d’apporter des réponses à la question de l’amélioration de l’interprétation. Ces réflexions s’inscrivent ainsi dans une perspective contextualiste (Reiss et Vermeer (1984/1991), Roy (2000), Bill Moody (2007), Llewellyn-Jones et Lee (2014)), proposant de remettre l’interprète au cœur de la situation et de considérer l’acte interprétatif comme un tout. L’interprète se retrouve ainsi au centre d’un système d’interactions complexes que nous avons essayé de décrire dans ce travail. Au fur et à mesure de nos analyses de corpus, nous finirons par proposer le modèle MEDAILS : Modèle des Espaces Dans l’Acte Interprétatif en Langue des Signes. Ce modèle schématise la situation d’interprétation comme un instant ancré dans un espace défini. L’interprète interagit alors avec le bénéficiaire de son interprétation, l’orateur ou l’oratrice, ses collègues, mais doit aussi appréhender l’endroit où il se trouve, le contexte d’intervention, les enjeux de communication en présence. Au-delà de ce qui définit la situation de communication, il se trouve également, de près ou de loin, dans un projet particulier de communication, au carrefour de deux communautés linguistiques et culturelles et dans une société particulière. Prendre conscience de la véritable place qu’on occupe dans cet enchevêtrement d’influences socio-culturelles, maîtriser et anticiper ces espaces pourrait permettre, à notre avis, de créer de meilleures conditions de travail, et, in fine, d’améliorer notre interprétation.

https://hal.science/tel-04069729v1


Fanny Catteau

Traduire la poésie en langue des signes – L’empreinte prosodique lors du changement de modalité

Thèse de doctorat. Linguistique. Université Paris 8, 2020

Résumé : Ce travail de recherche s’intéresse à la traduction en français oral de la poésie créée en langue des signes française (LSF) et plus particulièrement à l’impact de la structure prosodique de la LSF sur celle du français en contexte de traduction poétique. Dans toutes les langues, qu’elles soient vocales ou signées, la prosodie permet d’organiser le discours en lien avec sa structure informationnelle, que ce soit en perception ou en production. L’objectif de cette recherche est de déterminer si, dans un contexte de traduction poétique, la structure prosodique de la LSF a un impact sur l’élaboration du français oral, et plus particulièrement sur sa prosodie. Pour mener cette étude, un protocole inédit de recueil et d’analyse de données, qui associe analyse des signaux gestuels et sonores à l’annotation manuelle des deux types de discours, a été élaboré. Nous avons recueilli onze œuvres en LSF de cinq artistes sourds et leurs cinquante-sept traductions, proposées par neuf traducteurs experts en poésie. Dans ce travail, nous avons inventorié les phénomènes prosodiques qui participent à la segmentation des œuvres en LSF, notamment en lien avec mouvements des mains et du buste. Les œuvres ont ainsi été segmentées en constituants selon plusieurs niveaux hiérarchiques. De plus, nous avons montré que l’analyse des traductions en français révèlent que dix-huit stratégies traductives en lien avec la prosodie sont utilisées. 74% des constituants prosodiques des traductions ont été identifiés comme directement liés avec les groupes prosodiques de la structure hiérarchique des œuvres en LSF. Cette étude montre que, dans un contexte de traduction poétique, la structure prosodique de la LSF laisse bien une empreinte dans la construction du français.

https://hal.science/tel-03403671v1


Sophie Pointurier Pointurier-Pournin

L’interprétation en Langue des Signes Française : contraintes, tactiques, efforts

Thèse de doctorat. Linguistique. Université de la Sorbonne nouvelle – Paris III, 2014

Résumé : En partant du cadre conceptuel des modèles IDRC (Interprétation-Décisions-Ressources- Contraintes) et du modèle d’Efforts de l’interprétation simultanée de Daniel Gile entre langues vocales, nous tenterons d’analyser le processus de l’interprétation en langue des signes et étudierons la charge cognitive inhérente au passage d’une langue vocale (canal audio-vocal), à une langue signée (canal visuo-gestuel). Nous analyserons en premier lieu l’ensemble des contraintes concourant à l’exercice de l’interprétation en langue des signes pouvant se distinguer de celles généralement observées en interprétation entre langues vocales (nous incluons les langues vocales syntaxiquement très éloignées) telles que les contraintes socio-économiques, les contraintes linguistiques et enfin les contraintes d’espace. Nous procéderons ensuite à une analyse cognitive du processus de l’interprétation en nous référant au modèle d’Efforts de l’interprétation simultanée de Gile (Effort d’Écoute et d’Analyse, Effort de Mémorisation à court terme, Effort de Production, Effort de Coordination de ces trois activités simultanées), et nous chercherons à envisager sa transposition aux langues des signes. Pour mieux comprendre les mécanismes constitutifs du processus, nous observerons particulièrement le concept de scénarisation (Séro-Guillaume, 2008) pour une première analyse de la charge cognitive de l’interprète en action. Cette capacité de représentation synthétique visuelle est-elle plus ou moins grande si on prend en compte le degré d’abstraction du discours, la technicité de l’énoncé, le manque de correspondances lexicales, le contexte de l’interprétation (pédagogique, conférence, etc.), la préparation ? Notre analyse du processus se base sur un corpus constitué de plusieurs études empiriques d’interprétations vers la langue des signes : une étude semi-expérimentale, une étude de cas naturaliste et une étude expérimentale, ainsi que sur des interviews d’interprètes et un focus group. Les observations faites sur l’ensemble de ces études nous ont permis de croiser nos données et de dégager les éléments pertinents de nos résultats pour une avancée dans la compréhension du processus cognitif de l’interprétation en langue des signes.

https://hal.science/tel-01077924v1


Philippe Séro-Guillaume

L’interprétation en langue des signes française (L. S. F. )

Thèse de doctorat en Linguistique. Soutenue en 1994 à Paris 3

Résumé : The deaf are a language community that belongs at the same time to the world of the hearing. Due to its past history lsf is less widely used than french, its vocabulary therefore less extended. Lsf has no written form. Interpreters called upon to translate into lsf lectures or conferences held in french have sometimes to convey notions that have no counterpart in lsf. In that respect descriptive studies or investigations into their status as languages are of little use. It proved necessary to probe into actual occurrences of sign language communication inorder to determine how lsf speakers adjust their language to account for oral language expressions and extra-linguistic features. Once such procedures are evidenced and evaluated on the basis of speech contents, the interpreter will make use of means specific to lsf when interpreting, always preserving the required balance between transcoding and interpretation proper.

https://www.theses.fr/1994PA030211


Ève Caristan

La périphrase en interprétation en langue des signes française

Mémoire professionnel. USN ESIT – Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 – École supérieure d’interprètes et de traducteurs

Résumé : Ce mémoire professionnel tente d’analyser ce qu’implique l’utilisation de la tactique de la périphrase dans l’interprétation en langue des signes française. En premier lieu, le cadre théorique de ce devoir sera posé. À savoir une rapide présentation du contexte sociolinguistique de la LSF et des particularités de l’interprétation en langue des signes suivie d’une discussion autour des modèles de Gile, à savoir le modèle IDRC (Interprétation-Décisions-Ressources-Contraintes) et le modèle d’Efforts, ainsi que la thèse de Sophie Pournin-Pointurier sur le vide lexical. Après s’être penché sur le cadre conceptuel de référence de ce devoir, il sera nécessaire de définir la figure discursive qu’est la périphrase et d’analyser ce que son usage implique en interprétation. Afin de vérifier les hypothèses soulevées une étude empirique terminera ce mémoire. Il s’agira de l’observation et de l’analyse des résultats d’un corpus d’une simulation d’interprétation en langue des signes française. La discussion des résultats permettra de mettre en lumière les raisons et conséquences du recours à la tactique de la périphrase en interprétation en langue des signes françaises.

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02016643


Autres références

Traductologie et langue des signes

Collectif. Directrice d’ouvrage : Encrevé (Florence)

Résumé : Longtemps invisibilisés, les sourds et la langue des signes française (LSF) trouvent peu à peu leur place dans notre société. Les recherches traductologiques sur la LSF sont récentes et cet ouvrage collectif apporte sa pierre à l’édifice, par une réflexion pluridisciplinaire riche et approfondie.

Classiques Garnier, Collection : Translatio, n° 11, 2021

https://classiques-garnier.com/traductologie-et-langue-des-signes.html

 

Revue Méta, Volume 42, numéro 3, septembre 1997

L’interprétation en langues des signes

https://www.erudit.org/fr/revues/meta/1997-v42-n3-meta174/

 

Élise Leroy, Aurélia Nana Gassa Gonga, Gaëlle Eichelberger et Alain Bacci

Traduire vers la langue des signes française : plein phare sur la formation

Revue Traduire, 241 | 2019, p. 19-30

https://journals.openedition.org/traduire/1812?lang=fr

 

Florence Encrevé, Alexandre Bernard, Francis Jeggli

L’interprétation en langue des signes

PUF, 2007

https://www.puf.com/content/Linterpr%C3%A9tation_en_langue_des_signes

 

Anna Mindess

Interprétation En Langue Des Signes

Editions Monica Companys, 2021

https://www.monica-companys.com/products/interpretation-en-langue-des-signes

 

Pierre Guitteny

Entre sourds et entendants

Editions Monica Companys, 2009

https://www.monica-companys.com/products/entre-sourds-et-entendants?variant=22629509496892

 

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