Psychologie et langue des signes. Thèses

Les recherches concernant la psychologie des personnes sourdes ou des professionnels de la surdité sont nombreuses.

Quelques thèses de doctorat…

Alix Bernard, Recherche autour d’un dialogue de sourds : étude et analyse du conflit des représentations que se font les professionnels entendants au sujet des enfants sourds

Thèse de doctorat en Psychologie. Soutenue en 1995 à Paris 7

Résumé : M’interrogeant sur la récurrence du conflit historique entre « oralistes » et « partisans de la langue des signes » j’ai été amenée a considérer ce conflit comme idéologique, fonctionnant plus particulièrement comme appareil réducteur des angoisses. J’ai été conduite alors à étudier comment les professionnels travaillant avec les enfants sourds étaient touches (angoisses, affectes), consciemment et inconsciemment, par les enfants sourds. Il est apparu qu’au travers des modalités relationnelles qu’elle induit, la surdité contribuait à réactiver le fantasme de séduction (les gestes « sursexualisant » fantasmatiquement la relation) et à inhiber les processus de pensée. Il est apparu également que le nombre des positions des professionnels étaient adoptées pour éviter une expérience extrêmement perturbante, que j’ai appelée l' »effet d’écho ». Du au non-partage des voix, l’effet d’écho rend le professionnel seul face à sa propre voix et sa propre image; il entraine une chute du symbolique et un envahissement par l’imaginaire.

https://www.theses.fr/1995PA070139


Françoise Calvez Touffait, Le code image : mécanismes cognitifs et applications visiophoniques pour les sourds

Thèse de doctorat en Psychologie. Soutenue en 1989 à Rennes 2

Résumé : Dans cette thèse nous nous intéresserons plus particulièrement à deux performances du système cognitif : la mémorisation des données visuelles et de la communication visuelle à travers l’analyse de la vidéocommunication des personnes sourdes. Notre objectif sera de mettre en évidence que les outils d’analyse de la psychologie expérimentale permettent d’étudier les données sensorielles visuelles à travers ces deux performances et concourent à mettre en évidence un modèle de mémorisation et de compréhension des données sensorielles visuelles qui diffère des théories ou modèles actuellement proposées.

https://www.theses.fr/1989REN20031


Cyril Courtin, Surdité, langue des signes et développement cognitif

Thèse de doctorat en Psychologie, Soutenue en 1998 à Paris 5

Résumé : Les rapports existant entre le langage et la pensée sont ici étudiés dans le cadre d’une comparaison du développement cognitif d’enfants sourds et entendants. Plusieurs domaines du développement sont étudiés, plus particulièrement la catégorisation, l’acquisition d’une compréhension de l’esprit en tant que générateur de représentations (théories de l’esprit) et le développement de capacités de sélection et coordination de ces représentations (fonctions exécutives). La comparaison d’enfants entendants à divers groupes d’enfants sourds âgés de 5 à 8 ans, considérés notamment selon leur mode de communication et l’étiologie de leur surdité, permet alors de séparer les effets de différents facteurs (exposition précoce à un système linguistique, communication en langue des signes, maturation cérébrale, etc. ) Susceptibles de déterminer l’acquisition des capacités cognitives étudiées. L’importance de quelques-uns de ces facteurs est ainsi mise en évidence. La langue des signes se révèle avoir une influence sur le développement cognitif des enfants sourds, sans pour autant pallier toutes les conséquences d’un environnement non optimal en jeune âge, amenant à devoir considérer « cognitivement à risque » les enfants sourds nés de parents entendants, tout en rejetant l’idée d’une « psychologie de l’enfant sourd ».

https://www.theses.fr/1998PA05H020


Marie-Laetitia Duret, Les composantes socio perceptives et socio cognitives de la cognition sociale chez les enfants sourds

Thèse de doctorat en Neurosciences. Soutenue le 11-12-2012 à Aix-Marseille

Résumé : Dans ce travail, nous nous proposons d’étudier la cognition sociale chez les sourds en distinguant les aspects perceptifs et cognitifs selon le modèle proposé par Tager-Flusberg et Sullivan (2000). La surdité nous permet d’aborder l’influence des facteurs environnementaux sur le développement des composantes socio-perceptive et socio-cognitive ; nous ciblons nos recherches sur les enfants sourds nés de parents entendants, éduqués dans des écoles ordinaires et portants des prothèses auditives. La première question à laquelle nous tenterons de répondre est la suivante : le manque de communication avec l’entourage familial pendant les premiers mois de vie, en lien avec le contexte particulier de la surdité dans un milieu entendant, a-t-il une influence sur le développement de la composante socio-perceptive ? Nous étudions cette question avec deux expériences impliquant la perception des visages et des émotions ; ces tests nous permettent de mettre en évidence les performances et les stratégies de traitement utilisées. Nous recherchons d’une part, l’utilisation du processus configural et l’effet de focalisation de l’attention sur la région des yeux au cours d’une tâche de jugement de similarité entre visages et d’autre part, l’effet de traitement automatique de la colère avec une tâche de recherche visuelle. La deuxième question soulevée est relative au développement de la composante socio-cognitive, et notamment aux capacités liées à la théorie de l’esprit. Les possibilités croissantes d’intégration du discours, notamment grâce aux prothèses auditives, permettraient-elles le développement des capacités nécessaires à la compréhension des états mentaux d’autrui ?

https://www.theses.fr/2012AIXM4078


Marion Fabre, Analyse du fonctionnement cognitif d’adolescents sourds signeurs dans la pratique de l’écrit et via les Technologies de l’Information et de la Communication

Thèse de doctorat en Psychologie. Soutenue le 05-12-2013 à Aix-Marseille

Résumé : Cette thèse permet d’apprécier le fonctionnement cognitif de collégiens sourds locuteurs de la Langue des Signes Française, dans leur rapport à la langue française écrite. Une approche psycholinguistique des apprentissages est adoptée et fait référence aux concepts de bilinguisme, de cognition, de production écrite et de Technologies de l’Information et de la Communication. Une première étude s’intéresse aux habiletés déployées dans des supports d’écriture variés (SMS, blogs, écrits scolaires, prises de notes) et révèle la capacité des adolescents sourds à décomposer les mots en unités sublexicales tout en s’adaptant aux contextes de production. Une seconde étude sur le traitement des unités morphologiques de mots, via un entraînement informatisé, donne un aperçu de leurs performances de réussite, de temps et de stratégies de réponses. La dernière étude, sur les prises de notes et les productions écrites en temps réel, fournit des informations sur le réinvestissement des connaissances issues de l’entraînement et sur le comportement de scripteur de ces adolescents sourds. Un effet de transfert, ou degré de signabilité, entre langue des signes et français est constaté. Lorsque la décomposition sublexicale est ambiguë, le recours aux unités orthographiques semble masquer les traitements morphologiques. La question des supports et des approches pédagogiques de l’écrit en situation de surdité est posée. L’écriture spontanée, les apports du multimédia et la considération des unités sémantiques sublexicales pour installer des automatismes dans le traitement de l’écrit, semblent être des pistes prometteuses.

https://www.theses.fr/2013AIXM3087


Abir Hatem, L’incidence de la privation du langage sur l’acquisition du sentiment moral chez l’enfant sourd en France et en Syrie

Thèse de doctorat en Psychologie. Soutenue le 06-05-2011 à Lyon 2

Résumé : Dans cet écrit, nous étudions le développement moral des enfants sourds du point de vu interculturelle. Nous nous intéressons au fonctionnement du développement cognitif dans le cas d’une privation auditive : la cognition comme outil de représentation chez l’enfant déficient auditif, et le développement comme le résultat de la communication avec l’environnement. Quels ajustements psychologiques et cognitifs se mettent en cas de surdité ? Notre problématique porte sur l’intérêt du lien entre l’interaction sociale et développement moral chez l’enfant sourd. Comment les enfants sourds construisent des interactions linguistiques sans la fonction auditive ? Pourquoi les enfants sourds n’arrivent pas facilement à avoir accès au jugement moral ? Existe-t-il un lien entre la privation de langue et le retard au niveau du jugement moral ? Est ce que le jugement moral est en relation avec la culture. Nous constatons que les enfants sourds ont des difficultés à accéder au jugement moral. Nous estimons que ce dernière chez les enfants sourds, est comme chez les entendants, dépendant essentiellement de l’interaction sociale. Un grand nombre de personnes handicapées se présente dans le monde de façon visible, c’était après beaucoup de changements démographiques dans la vie et la prévalence des facteurs de santé qui touchent les femmes enceintes avant et pendant l’accouchement et les causes du handicap qui est apparu ici. Nous remarquons alors l’ouvertement d’un grand intérêt dans les catégories des personnes handicapées à tous les niveaux. En effet, il y a dans le monde entier environ 650 millions de personnes handicapées, soit 10 % de la population mondiale. A peu près les deux tiers vivent dans les pays en développement. Dans certains pays en développement, près de 20 % de la population souffrent d’un handicap. Dans cet écrit, nous nous intéressons au handicap auditif. Et nous étudions la démarche du développement moral chez l’enfant sourd du point de vue interculturelle. L’enfant sourd est un enfant qui n’entend pas et ne peut donc pas s’approprier la langue parlée autour de lui, cela ne signifie pas que cet enfant soit sans pensée, sans intelligence ni sans langage. Bien au contraire, cet enfant va avoir une démarche originale : là où l’enfant ordinaire répète ce qu’il entend, l’enfant sourd lui doit inventer. Car pour communiquer, il est obligé d’inventer un langage recourant à des gestes et à des mimiques, afin de se faire comprendre. L’enfant sourd est donc un enfant normal dans ses potentialités intellectuelles et linguistiques. C’est un enfant qui a sa propre façon d’exister d’une façon cohérente et une intelligence adaptative. Sur le plan épistémologique, notre étude se situe entre la psychologie différentielle, la psychologie du développement, la psychologie physiologique, la psychologie cognitive et la psychologie culturelle. Nous abordons principalement les processus du jugement moral dans les structures déficitaires, autour de la question de la communication dans deux sociétés déférentes. L’approche différentielle des structures déficitaires étudie la situation du handicap comme un système organisé adapté et intégré, qui a sa dynamique et ses flexibilités spécifiques. Les variations individuelles relevées chez les sujets déficitaires sont sources de connaissances sur le handicap lui même, mais aussi sur les lois du développement chez les sujets ordinaires. Si bien que l’étude des situations de déficit nous renseignent beaucoup sur les processus psychologiques ordinaires. L’approche physiologique étudie la fonction de l’ouïe. Comment les données auditives de l’environnement sont transformées de l’oreille au cerveau ? Comment le cerveau traite ces données ? L’approche développementale postule, généralement, une certaine continuité entre le développement normal et le développement perturbé. L’approche cognitive des déficits consiste à étudier comment les enfants sourds développent un jugement moral ?…

https://www.theses.fr/2011LYO20032


Elodie Jacques-Boussard, Aux sources du malentendu entre interlocuteurs sourds et entendants : L’histoire, la langue, la culture

Thèse de doctorat en Psychologie clinique. Soutenue le 16-06-2016 à Sorbonne Paris Cité

Résumé : La surdité est un handicap ayant la particularité d’engager, outre la perception auditive, le langage et le rapport à l’autre. De nombreux malentendus de nature différente ont émergé au fil du temps et interviennent encore aujourd’hui dans les échanges entre interlocuteurs sourds et entendants. Ces malentendus naissent d’une conception philosophique de la langue comme seule vecteur de pensée, d’une histoire traumatique marquée par l’interdiction de la langue des signes, et d’une langue spécifique, la LSF. L’ensemble de ces éléments participe à la construction culturelle et identitaire du sujet sourd, et influence de manière importante ses interactions. Les rapports de force qui en découlent nous ont amené à questionner une autre forme de malentendu, reposant essentiellement sur le rapport sensoriel au monde. La présente thèse tente de s’interroger sur les différentes sources du malentendu et leur impact sur le développement du discours du sujet, pour ensuite présenter une nouvelle forme de malentendu, reposant sur la perception des vibrations.

https://www.theses.fr/2016USPCD001


Stéphanie Pouyat-Houée, Mémoire à court terme/Mémoire de travail chez l’enfant sourd profond muni d’un implant cochléaire : contribution à la compréhension des difficultés cognitives des enfants sourds

Thèse de doctorat en Psychologie. Soutenue le 23-10-2017 à Angers

Résumé : L’ambition de la thèse est de contribuer à une meilleure compréhension des difficultés cognitives rencontrées par les enfants sourds munis d’un implant cochléaire (IC). Elle présente une recension de travaux et une étude originale concernant la mémoire à court-terme/mémoire de travail.Est évalué l’apport recommandé de la lecture labiale et des clés de la LPC (Langue Parlée Complétée) sur le rappel.Une série d’épreuves originales de rappel immédiat a été conçue sur support informatique. Elle comprend des tâches contrastées du point de vue de la nature de l’information à mémoriser (spatiale vs verbale) et des modalités de présentation de l’information. Les épreuves ont été validées auprès d’une population d’enfants normo-entendants (NE)(âgés de 6 à 8 ans, N=42). Les réponses d’enfants IC(N=14) ont été comparées à celles d’enfants NE, sur la base de la constitution de deux groupes appareillés selon les critères d’âge, de sexe et d’aptitude intellectuelle.Pour les deux groupes, le rappel immédiat est meilleur pour les informations visuo-spatiales. Les informations verbales sont moins bien retenues par les enfants IC. Contrairement aux attentes, l’apport de la LPC, spécifiquement dans la modalité verbale, ne conduit pas à une augmentation des performances des enfants sourds. L’analyse de l’ordre de rappel des items ne fait pas apparaître de difficultés spécifiques. En revanche, la longueur des listes est préjudiciable en verbal. L’analyse des erreurs atteste de leurs difficultés au plan des connaissances langagières. Une analyse fine des performances individuelles montre des profils différenciés attestant de la singularité des modes d’adaptation des enfants sourds IC.

https://www.theses.fr/2017ANGE0046


Antonio Rebelo, Développement cognitif de l’enfant sourd – contribution de la méthodologie gestuelle

Thèse de doctorat en Psychologie. Soutenue en 2001 à Toulouse 2

Résumé : La relation de « bonding » et d’attachement qui s’établit entre les parents entendants qui ont un enfant sourd et qui utilisent avec lui la Langue Orale et les parents sourds qui ont un enfant également sourd conduit à des résultats différents : chez les premiers, la relation est un soliloque tandis que chez les seconds c’est une interaction ; les premiers développent la communication linguistique sous tous ses aspects – syntaxe, morphologie et sémantique – tandis que les seconds n’ont pas cette possibilité. Le développement cognitif est un processus dynamique qui se développe depuis la naissance jusqu’à la maturité : les concepts qui se développent au niveau de la perception ; ceux de l’action qui se situent au niveau sensori-moteur et que nous désignons par « abstraction empirique » et le concept d’« opération » qui résulte de la construction conceptuelle, « abstraction réflexive », aident l’individu à obtenir un réseau conceptuel de structures cohérentes. L’important dans le développement cognitif c’est d’avoir la capacité de faire des abstractions réflexives – opérations mentales. La connaissance sensori-motrice se manifeste par des actions, tandis que la connaissance conceptuelle s’exprime par le biais de symboles.

https://www.theses.fr/2001TOU20016


Chloé Stoll, Rôle de la surdité précoce et de la langue des signes dans la plasticité fonctionnelle du champ visuel

Psychologie. Université Grenoble Alpes, 2017

Résumé : L’expérience sensorielle précoce atypique ou l’expertise dans un domaine sont des phénomènes connus pour modifier certains aspects du traitement visuel. La surdité précoce profonde et la pratique de la langue des signes pourraient ainsi être deux sources distinctes de modulation du traitement visuel. Cette thèse s’intéresse à déterminer l’impact respectif de la surdité et de l’impact de la langue des signes dans le traitement de l’espace visuel périphérique et le traitement des visages et des expressions faciales. Ces processus ont été choisis puisqu’ils sont sollicités dans la communication en langue des signes. En effet, les signes de paroles sont perçus par le champ visuel périphérique inférieur et il est en même temps nécessaire de porter une attention particulière au visage de son interlocuteur qui délivre des informations syntaxiques, grammaticales ou encore affectives indispensables à la compréhension du discours.Pour cela, une première série d’études explore l’effet de la surdité et de la langue des signes sur le traitement visuel périphérique et notamment dans l’espace périphérique inférieur. Les résultats montrent que la pratique de la langue des signes chez les entendants peut influencer des aspects spécifiques du traitement visuel de l’espace inférieur et que principalement la rapidité du traitement visuel de bas niveau. La deuxième série d’études explore l’effet de la surdité et de la langue des signes sur le traitement des visages et notamment la reconnaissance des visages et des expressions faciales. Les résultats montrent des différences dans la stratégie d’exploration des visages pour la reconnaissance des visages chez les sourds signeurs avec un effet de la pratique de la langue des signes dans les mécanismes de prise de décision de reconnaissance des visages. Enfin, la surdité associée à la pratique de la langue des signes ne semble pas affecter les seuils de catégorisation d’émotions. Les résultats de nos six études enrichissent la littérature actuelle sur la plasticité sensorielle chez les personnes sourdes signeuses et illustrent l’importance de contrôler systématiquement l’effet de la langue des signes puisqu’elle semble induire des modifications dans le traitement visuel qui lui sont propres. Mots clés : Surdité, langue des signes, plasticité visuelle, périphérie visuelle, reconnaissance des visages, reconnaissances des émotions.

https://hal.science/tel-01731551v1

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