Sociologie de la société inclusive

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Canal-U diffuse un ensemble de dossiers sur : « Société inclusive : regards sociologiques », proposés par Raúl Morales La Mura et Marion Scheider-Yilmaz, sociologues. https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/introduction-generale-societe-inclusive-regards-sociologiques

 

  1. Introduction générale – Société inclusive : regards sociologiques – https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/introduction-generale-societe-inclusive-regards-sociologiques
  2. Propos liminaire de « Société inclusive : une question d’actualité » – https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/propos-liminaire-sur-la-societe-inclusive
  3. Les droits comme leviers de la société inclusive – https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/les-droits-comme-leviers-de-la-societe-inclusive
  4. Les politiques publiques comme leviers de la société inclusive – https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/les-politiques-publiques-comme-leviers-de-la-societe-inclusive
  5. L’action collective comme levier de la société inclusive – https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/l-action-collective-comme-levier-de-la-societe-inclusive
  6. L’action individuelle comme levier de la société inclusive – https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/l-action-individuelle-comme-levier-de-la-societe-inclusive
  7. L’approche par le parcours – Société inclusive : une question d’actualité – https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/l-approche-par-le-parcours
  8. L’approche par la situation – Société inclusive : une question d’actualité – https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/l-approche-par-la-situation
  9. Conclusion – Société inclusive : regards sociologiques – https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/conclusion-societe-inclusive-regards-sociologiques
  10. Neuf entretiens avec des experts internationaux sur la Société inclusive – https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/neuf-entretiens-avec-des-experts-internationaux-sur-la-societe-inclusive

S’ajoutent deux dossiers de regroupement d’informations

(extraits)

Le concept d’inclusion émerge depuis une dizaine d’années dans les productions des politiques publiques, académiques ou professionnelles intéressées par les champs des personnes âgées et des personnes handicapées, notamment. De l’école inclusive à l’habitat inclusif, passant par la culture inclusive, en France, comme dans beaucoup de pays, les autorités publiques incitent les acteurs sociaux, économiques et académiques à réfléchir et à porter des réponses innovantes qui concrétisent, ce qui est devenu un projet de société, l’inclusion.

Bref historique

En 2011, le président de la Fédération Nationale des Associations Gestionnaires d’Établissements et de Services pour Personnes Handicapées et Fragiles en France (Fegapei), Guy Hagège voyait dans la société inclusive « un projet politique universel ». Dans la continuité, l’anthropologue Charles Gardou appelle de ses vœux, en 2012, l’émergence nécessaire d’une société vertueuse « sans privilèges, exclusivités et exclusions » qui réinterroge les questions du partage patrimonial, de la hiérarchisation des vies, de la norme, de l’équité et de la liberté.

Le concept d’inclusion lié à celui de société, pour donner la notion « d’inclusion sociale », est apparu dans la littérature académique dès 1984, au travers des travaux sur les systèmes sociaux et la communication du sociologue allemand Niklas Luhmann. Ce dernier, tout en opposant les concepts d’inclusion et d’exclusion, se servira du premier pour qualifier les relations qu’entretiennent les individus avec systèmes sociaux et inversement.

Cependant, comme le relève la sociologue Brigitte Bouquet, il faudra attendre les années 2000 pour que les institutions et les organisations internationales et nationales commencent à s’emparer du concept. L’inclusion sera alors définie par l’acceptation des différences et par l’appréciation de la plus-value sociale qu’elles engendrent. Après la première décennie, ces mêmes organisations et institutions émettront progressivement des vœux ou proposeront des options sociétales visant à concrétiser ce qui, désormais, est devenu le référentiel explicite des politiques publiques.

Image de la tasse de café

Prenons une tasse de café et envisageons-la comme quatre possibles différents : le système 1 constitué d’un élément, une tasse de café ; le système 2 constitué d’un sous-système de deux éléments, une tasse de café avec du sucre à l’intérieur ; le système 3 constitué d’un élément, une tasse de café sucré ; le système 4 constitué de deux éléments, une tasse de café et du sucre.

Dans le système 1, nous profiterons de l’amertume du café tant que cela nous satisfera ou tant que nous n’avons pas de connaissance de la satisfaction que le sucre pourrait apporter. C’est la conscience d’insatisfaction et de l’expectative de sa correction qui nous fera ajouter du sucre à notre tasse de café. Dès cet instant, nous assisterons à une véritable bataille. Le sucre se déposera au fond de la tasse et sa cristallisation, aux frontières du café, le protégera pour un temps de la liquéfaction. Le café, quant à lui, va diluer le plus possible le sucre pour imposer son amertume, mais se faisant il s’adoucira à son tour. Chaque élément tente de conserver sa nature et, en modifiant celle de l’autre, il en perd une partie. Pour accélérer le dénouement, nous voilà armés d’une cuillère et en remuant nous créons un autre élément : le café sucré. Ce dernier pourra nous satisfaire jusqu’au moment où nous souhaiterions goûter encore l’amertume du café et le sucré du sucre. Pour ce faire, il nous faudra évaporer ce mélange homogène. Ainsi, c’est seulement le système 4 qui nous garantit d’avoir l’ensemble d’expériences possibles en matière de satisfaction.

Les quatre dynamiques sociales

Les travaux de Norbert Elias et John L. Scott, concernant les logiques d’exclusion, et de cette métaphore de la tasse de café, permettent d’appréhender les 4 dynamiques sociales qui se succèdent pour considération de la vulnérabilité par nos politiques publiques : l’exclusion, l’intégration, l’assimilation et l’inclusion.

Avant les années 1970, les personnes âgées et les personnes handicapées ont été exclues de l’action publique. L’aide ou la prise en charge accordée relevait des réseaux de charité et de la sphère familiale, puis éventuellement de ceux de l’assistance et du sanitaire.

C’est la loi du 15 juillet 1971, portant sur l’approbation VIe Plan de développement économique et sociale, faisant des problèmes du troisième âge une priorité du plan, qui signe le passage à une dynamique sociale d’intégration pour les personnes âgées. Les personnes handicapées devront attendre jusqu’à la loi 30 juin 1975, dite d’orientation en faveur des personnes handicapées, pour être aussi concernées par cette dynamique sociale. Un Droit spécifique leur sera accordé, devenant par le même « objets du droit ».

La loi du 11 février 2005, pour l’égalité des chances et la citoyenneté des personnes handicapées, sera le catalyseur espéré par les personnes concernées pour être reconnues « sujets de droit », comme toute personne formant la collectivité nationale. Le Droit commun se substitue désormais au Droit spécifique. Verra ainsi le jour une dynamique sociale d’assimilation. Une des difficultés : le processus d’ouverture du droit à compensation. En effet, l’évaluation se fera sur ce que la personne accomplit dans la situation donnée en relation à une normalité socialement fantasmée sans déficience, consignant de fait les personnes handicapées dans la déficience.

Se développe alors une nouvelle revendication des organisations de la société civile : la société inclusive comme projet politique universel. Une société qui se bonifie par l’apport singulier de ses membres et qui, dans le respect de leurs droits fondamentaux, met tout en œuvre pour garantir l’apport de chacun à l’ensemble collectif. Nous appelons cela « Droit singulier », en ce sens qu’il part d’une situation singulière pour conclure une préconisation, une orientation ou une décision aussi singulière comme le ferait un droit universel à compensation. Des lois amenderont dans ce sens : la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement, la loi de 2016 Travail et accompagnement vers l’emploi des personnes handicapées, la loi du 7 août 2020 relatives à la dette sociale et à l’autonomie. La dynamique sociale d’inclusion se construit texte après texte, champ après champ, touchant peu à peu l’ensemble des enjeux de la vie quotidienne et l’universalité, au cœur du projet politique de société inclusive, est plus que jamais une expectative réaliste.

Quatre approches

Pour rendre compte de la société inclusive, les auteurs présentent quatre nouvelles approches de l’action publique œuvrant, notamment en France, dans les champs du handicap et du vieillissement : l’approche par le droit, par le pacte social, par le parcours et par la situation. C’est au travers des effets combinés de ces quatre approches que s’affirme et se confirme, jour après jour, la pertinence d’un projet politique vertueux, celui d’une société inclusive.

Pour aller plus loin : https://www.canal-u.tv/chaines/canal-socio/introduction-generale-societe-inclusive-regards-sociologiques


Sylviane Feuilladieu

« Contribution à une sociologie de l’accessibilité. Pistes d’étude du processus d’accessibilisation des environnements scolaires »

Recherches en éducation [En ligne], 55 | 2024

http://journals.openedition.org/ree/12497

DOI : https://doi.org/10.4000/ree.12497

 

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