Abbé Sicard

L’abbé Sicard est un personnage célèbre de l’histoire des sourds : après avoir dirigé l’école des sourds de Bordeaux, il succéda à l’abbé de l’Epée à la direction de celle de Paris.

Voici le début de la présentation qu’en donne Ferdinand Berthier (1) :

« Sicard (Roch-Ambroise-Cucurron), né le 20 septembre 1742 au Fousseret, petite ville du Languedoc, termina ses études à Toulouse où il fut ordonné prêtre. Sa rare capacité ne tarda pas à attirer l’attention de l’archevêque de Bordeaux, Mgr Champion de Cicé, de bienfaisante mémoire, qui le mit à la tête d’une nouvelle école qu’il avait créée en 1782 en faveur des pauvres Sourds-Muets de son diocèse, à l’instar de celle qui avait été fondée en 1760 par l’abbé de l’Epée à Paris, rue des Moulins, à la butte Saint-Roch, pour ceux de la capitale, laquelle fut érigée en Institution nationale par les lois des 21 et 29 juillet 1791.
D’après le désir du Prélat, le directeur venait dans la grande ville, en 1785, étudier la méthode du vénérable fondateur de cet enseignement, et au bout d’un an, il retournait à Bordeaux l’appliquer à son école. Les succès qu’il obtint dans l’éducation du jeune Massieu qui devait concourir à étendre sa réputation, lui valurent le titre de Vicaire général de Condom et de Chanoine de Bordeaux, ainsi que celui de membre de l’Académie de la Gironde.
A la mort de l’abbé de l’Epée, en 1789, il se présenta, appuyé par l’opinion publique, au concours qu’allaient ouvrir les commissaires des trois académies qui existaient alors afin d’occuper la place vacante. Deux autres ecclésiastiques, les abbés Massé et Salvan, s’étaient retirés du concours devant leur émule, dont ils reconnaissaient la supériorité. »

Pour présenter l’œuvre de l’abbé Sicard à l’école des sourds de Bordeaux, nous pouvons nous appuyer sur de nombreux textes, comme les articles parus de 1785 à 1789 dans le Journal de Guienne (2). Il est ainsi possible de suivre l’évolution de cette école…

Journal de Guienne

 

29 septembre 1785

M. l’Archevêque de Bordeaux, joignant aux vues d’un homme d’Etat, qui s’occupe du bonheur de toutes les classes des citoyens, le zèle d’un Pontife qui veut accroître le domaine sacré de la Religion, désirait que quelqu’un entreprît d’instruire les Sourds et Muets de naissance, dans l’art des signes et de l’écriture, selon la méthode de M. l’Abbé de l’Epée.

Toutes les fois qu’un homme en place cherche à faire le bien, il trouve d’autres hommes qui le secondent. M. l’Abbé Sicard s’est présenté à M. l’Archevêque ; il est allé ensuite prendre, à Paris, les leçons de l’Instituteur des Sourds et Muets, et il vient lui-même remplir cette honorable mission.

On lut, Dimanche dernier, au Prône des Paroisses de cette ville, une Lettre circulaire écrite par les Vicaires-Généraux à tous les Curés du Diocèse. Ils les prient d’envoyer à M. l’Abbé Sicard les malheureux qui ont besoin de son secours. « La Religion, disent-ils, n’aura plus à gémir sur des enfants marqués de son sceau, et condamnés à ne connaître jamais pendant leur vie, ni ses mystères, ni ses préceptes, ni ses promesses ».

 

22 octobre 1785

L’expérience va prouver l’utilité de cet Etablissement. Quelques élèves qui ne prennent que depuis peu de jours des leçons de M. l’Abbé Sicard, connaissent déjà, par un moyen aussi simple qu’ingénieux, toutes les lettres de l’alphabet. Ils n’auront dorénavant pas plus de peine à les assembler qu’ils n’en ont à distinguer les unes des autres. Rien n’est plus intéressant que cette manière d’instruire ; tout se passe en silence, mais avec beaucoup de vivacité entre le maître et les spectateurs. Nous disons les spectateurs, car ils n’ont qu’un seul sens à y pouvoir employer ; aussi toute leur âme est-elle alors dans leurs yeux. C’est une chose admirable que l’attention, l’ardeur et l’intelligence qu’ils ont reçue de la nature, en dédommagement de l’ouïe et de la parole.

Il serait essentiel, pour accélérer et compléter le succès de cette nouvelle école, qui va devenir la digne rivale de celle de Paris, que tous les Sourds et Muets y fussent promptement envoyés. S’ils n’y viennent que les uns après les autres, cela obligera l’Instituteur à former différentes classes, et à donner moins de temps à chacune. Plusieurs Curés du Diocèse ayant senti toute la force et la grandeur des motifs énoncés dans la lettre que Mrs les Vicaires-Généraux leur ont écrite s’empressent de rendre à la société et à la religion de malheureux individus privés jusqu’à ce jour de leurs bienfaits.

On remarque dans cette classe d’hommes, trop peu connue jusqu’à présent, parce qu’on ne daignait pas l’observer, que tous, sans distinction de sexe, ni même d’âge, sont également capables de profiter des leçons qu’on leur donne. Il serait donc aussi injuste que barbare d’en priver aucun d’eux.

M. le Duc d’Hijar, beau-père de M. le Comte d’Aranda, a désiré, pendant le séjour qu’il vient de faire à Bordeaux, de voir une des séances de M. l’Abbé Sicard ; il en a été si satisfait, qu’il doit proposer au Roi d’Espagne de lui envoyer des élèves.

Qu’il est agréable pour nous d’avoir tous les jours à publier des traits qui font tant d’honneur à notre patrie ! Nous les voyons se reproduire de tous côtés à mesure que nous les annonçons ; mais nous sentons croître dans la même proportion notre zèle, et nous espérons qu’il y suffira.

 

16 novembre 1785

On nous apprend que l’Instituteur gratuit des Sourds et Muets de cette Province jouit déjà du fruit de ses premiers travaux. Déjà les succès sont connus dans les Provinces voisines. On vient de lui annoncer, d’une petite ville du Bas-Languedoc, une jeune demoiselle de 10 ans, sourde et muette de naissance, et un jeune garçon du même âge de Casteljaloux. Son Ecole n’est encore composée que de six élèves, quoiqu’on lui en ait annoncé près de trente. Il a choisi, pour donner ses leçons, les mardi, vendredi et dimanche de chaque semaine. Pour ne pas réunir aux mêmes heures les élèves des deux sexes, il prie tous ceux qui ont des Sourds et Muets sous leur direction, de lui envoyer les filles tous les mardi et vendredi, à 10 heures précises du matin ; et les garçons, les mêmes jours, à 3 heures du soir. Il est aussi très à propos que chaque élève ait quelqu’un pour l’accompagner. M. l’Abbé Sicard est actuellement logé dans la maison Canoniale, rue Capdeville, à St Seurin, sur le chemin de la Croix-Blanche, où il donne ses leçons. Il prévient le public qu’on n’a absolument besoin de personne auprès de lui pour lui présenter des élèves. Cette institution étant entièrement gratuite, il ne faut d’autre titre pour être admis, que le malheur d’être né sourd et muet. Le succès de cette entreprise exigeant qu’elle ait une certaine publicité, M. l’Abbé Sicard donnera une leçon tous les dimanches, à 3 heures, où il recevra les personnes qui se présenteront pour en être témoins ; il les prie seulement de l’en prévenir la veille, afin qu’il ne se trouve pas chez lui trop de monde à la fois.

M. de Saint Sernin, Maître d’écriture, donne, les dimanches, une leçon gratuite aux Muets, chez leur Instituteur ; et il offre d’en donner tous les jours de semblables chez lui, sur les fossés de Ville, à ceux d’entr’eux qui le désireront.

 

07 mai 1786

L’école pour les Sourds et Muets, formée par M. l’Abbé Sicard, et dont nous avons déjà parlé plusieurs fois, a tout le succès que l’on pouvait attendre d’un aussi habile maître. Il reçoit tous les encouragements qu’il mérite. On verra par la lettre qu’il vient de nous écrire, avec combien d’ardeur et de soins il s’occupe de cette utile entreprise.

Lettre de l’Instituteur gratuit des Sourds et Muets, au Rédacteur du Journal

Monsieur, J’ai été si touché par l’acte de bienfaisance que vient de faire en faveur des Sourds et Muets indigents, une Société de négociants de cette ville, que j’ai cru devoir en informer le public, par la voie de votre Journal, qui me paraît particulièrement consacré à inspirer et célébrer tout ce qui peut contribuer à soulager l’humanité souffrante. Ces négociants, sensibles et généreux, n’ont pas vu sans attendrissement les commencements d’un établissement qui est bien digne du Prélat charitable qui conçut le projet de le former. J’avais déjà rassemblé auprès de moi un petit troupeau, que j’instruisais avec le zèle que doit m’inspirer l’importance de ma mission. Mais il restait encore un grand nombre de ces infortunés, que le défaut de secours eût toujours laissé languir loin de moi, sans instruction et presque sans idées.

Ces Bienfaiteurs, autant sans doute pour m’encourager que pour contribuer à redonner à ces êtres intéressants une nouvelle vie, ont partagé entr’eux et les enfants exposés, une somme de mille écus, en réservant pour les miens celle de 2000 livres. Pouvaient-ils faire un plus noble emploi d’une somme consacrée à remercier la Providence des gains inespérés qu’ils ont faits dans une spéculation de commerce ? Peut-on mieux s’acquitter envers elle qu’en imitant le plus cher de ses attributs ? Déjà ma nouvelle école avait excité une émulation de charité, bien propre à me dédommager des travaux et des soins que je lui consacre tous les jours. Déjà Mgr l’Archevêque, Mrs les Vicaires-Généraux, le Musée de cette ville et quelques autres personnes avaient contribué, de leurs bienfaits, à appeler ici quelques enfants sourds et muets, que le défaut de ressources eût toujours privé de mes leçons. De quel heureux présage n’est pas, pour le grand nombre qui reste encore à instruire, un concours qui n’a été provoqué par aucune demande ? Je sens tout ce qu’il m’impose de zèle et d’empressement, car je ne dois pas vous dissimuler que l’œuvre qui m’est confiée ne peut s’étendre et même se soutenir que par le concours persévérant des charités publiques et particulières. Les besoins des êtres infortunés que j’instruis suffiront toujours pour émouvoir les âmes religieuses et charitables ; et ce ne pourrait jamais être que par ma faute, ce qu’à Dieu ne plaise, que pourrait se refroidir un intérêt si consolant et si encourageant pour moi.

J’ai l’honneur d’être, très respectueusement, Monsieur, votre très-humble.

L’Abbé Sicard

 

18 septembre 1786

Le Musée de Bordeaux tint une de ses séances publiques le 28 août dernier. […] Les lectures furent terminées par un Exercice des Sourds et Muets de naissance, élèves de M. l’Abbé Sicard. Un de ces enfants, aux yeux de toute l’assemblée dicta par signes les phrases suivantes à son condisciple, qui les écrivit sous cette dictée extraordinaire, et qui les lut lui-même après les avoir écrites : « Louis XVI est le meilleur des Rois. Il aime la justice. Les Sourds et Muets sont venus partager l’allégresse publique, et offrir, avec leurs concitoyens, l’hommage de la reconnaissance aux pères de la patrie. »

Ce spectacle si touchant attendrit les spectateurs. L’Instituteur fut généralement applaudi ; il serait difficile de peindre l’enthousiasme d’admiration qu’il excita. Plusieurs citoyens respectables quittèrent leurs places, et allèrent l’embrasser en le nommant le père de cette nouvelle famille.

 

27 juin 1788

Lettre écrite à la Société Philanthropique, par M. l’Abbé Sicard, Membre de la même Société, Instituteur gratuit des Sourds et Muets de naissance

Messieurs, Je n’ai pu apprendre sans attendrissement l’heureux succès de ma demande auprès de vous. Les deux Sourds et Muets que vous voulez bien adopter ne peuvent pas encore sentir le prix de vos bienfaits : c’est à moi, dont le cœur en est vivement pénétré, à leur apprendre à le connaître ; ils iront un jour vous remercier eux-mêmes de tout le bien qu’ils vous doivent : des larmes de reconnaissance couleront de leurs yeux ; ils mêleront leurs bénédictions à celles de tant d’autres infortunés dont vous devenez tous les jours les consolateurs et les pères. J’ai l’honneur d’être, &c.

 

26 décembre 1788

Lettre de l’Instituteur gratuit des Sourds et Muets de naissance, au Rédacteur du Journal. Bordeaux, le 15 décembre 1788

« Monsieur, J’attendais, avec plus d’impatience que personne, l’heureuse révolution qui vient de rendre à toutes les Provinces les Protecteurs et les Ministres des Lois, pour vous prier de plaider encore la cause des infortunés confiés à mes soins. L’école des Sourds et Muets de naissance a le plus grand besoin que la charité publique vienne à son secours. Un de ces malheureux, qu’une personne de la plus haute considération de cette province avait pris sous sa protection, a le malheur d’en être abandonné depuis trois mois, parce que d’autres pauvres qui ont paru plus intéressants ont été mis à la place. Un autre, d’une paroisse du Médoc, dont les parents, trop pauvres pour fournir, en entier, à la pension, feraient volontiers le sacrifice de la moitié, aurait besoin que quelqu’un voulût partager avec son père cette bonne œuvre. Presque tous les autres sont absolument sans chemises, sans bas, sans habits, malgré la rigueur extrême de la saison. Serait-il possible, Monsieur, qu’au moment où les succès de ces enfants sont si consolants pour moi, j’eusse la douleur de voir se refroidir la charité de nos Concitoyens ? Les pauvres dont je peins ici l’extrême misère sont si intéressants par leur infortune ! Je n’ai pas la force de continuer ce détail affligeant. Je vous laisse le soin d’ajouter ici tout ce qui peut émouvoir les âmes sensibles. Vos succès journaliers, en faveur de tant d’autres malheureux, me donnent le plus doux espoir pour le soulagement de ma pauvre famille. »

Nous n’avons rien à ajouter à un tableau aussi touchant ; nous nous contenterons de dire que Bordeaux doit s’enorgueillir de posséder la seconde Institution de ce genre. Si la première fait tant d’honneur au génie créateur de M. l’Abbé de l’Epée, celle-ci n’en fait pas moins aux talents de M. l’Abbé Sicard, son élève, sur lequel le maître ne conserve plus que l’avantage de trouver dans sa fortune les moyens de donner plus d’extension au sentiment d’humanité qui les anime l’un et l’autre. (note du Rédacteur)

 

29 janvier 1789

Lettre de l’Instituteur public et gratuit des Sourds et Muets, au Rédacteur

Monsieur, Le public a accueilli avec tant de bonté la demande que je lui ai faite en faveur des pauvres Sourds et Muets de naissance, que je dois m’empresser, non seulement de l’en remercier, au nom de ces infortunés, mais encore, pour répondre à l’intérêt qu’il veut bien prendre à eux, lui faire connaître l’état actuel de mon école. Je vais reprendre, dimanche prochain, 01 février, le cours de mes leçons publiques, dans la salle du Musée. Les âmes sensibles qui sont venues au secours de ces enfants les reverront couverts de leurs bienfaits, ayant fait des progrès qui surpassent mes espérances. Ils analyseront des phrases simples, des phrases composées, rendant compte, d’après les principes de ma grammaire, de toutes les parties du discours. Ils formeront des phrases complètes, sans le secours des signes, et exécuteront tout ce qu’on leur écrira. Ils répondront sur les premiers chapitres de la Genèse et sur les premiers éléments de la Religion.

L’école des Sourds et Muets est composée de dix-neuf élèves, dont treize garçons et six filles. Un de ces garçons est de Bordeaux, et demeure dans sa famille ; deux autres sont étrangers et leurs parents payent leur pension. La pension de tous les autres, fixée à 400 l., est payée par Mgr l’Archevêque, Mrs les Vicaires-Généraux, un Curé de ce Diocèse, des personnes du plus haut rang de cette ville, le Musée, la Société Philanthropique, une autre Société de Bienfaisance, et par les Prélats qui n’ont voulu laisser à personne l’avantage d’exercer une œuvre si belle en faveur de leurs Diocésains. Quelques-uns de ces enfants sont entretenus aux frais de ceux qui payent leur pension ; les autres ne sont vêtus que du produit des aumônes qu’on verse dans un tronc, qui est à la porte de la salle où on les instruit, et de celles qui nous parviennent par la voie de votre Journal.

Ces aumônes sont consignées dans un registre : l’emploi qu’on en fait est écrit sur un autre ; et chaque mois, un Bureau d’Administration, composé des deux Vicaires-Généraux, de M. St-Sernin, mon coopérateur et de moi, revise les deux registres et pourvoit à tout ce qui peut être nécessaire à l’instruction et aux besoins de ces enfants. Ce Bureau rend compte de son travail à Mgr l’Archevêque, qui s’occupe, avec le plus grand zèle, des moyens de donner à cet établissement une consistance solide. Cette protection puissante doit faire espérer à tous les bons citoyens que cette Institution fera un jour la gloire et l’ornement de cette cité, la consolation des familles où il pourra naître des enfants qui aient besoin de cette éducation. J’ai l’honneur d’être, très respectueusement, Monsieur, votre très-humble et très obéissant serviteur, l’Abbé Sicard.

 

01 juillet 1789

L’école des Sourds et Muets de Bordeaux ne subsiste encore que par les dons de la charité publique. Elle est divisée en deux classes ; l’une des Sourds et Muets indigents, dont les parents ne peuvent fournir ni la nourriture ni l’entretien ; l’autre, de ceux dont les parents fournissent l’un et l’autre.

La pension des pauvres, payée par des Sociétés de bienfaisance et des personnes de la plus haute considération de cette ville, est fixée à 400 livres par an ; celle des enfants nés de parents aisés, à huit cent livres. Ils sont, pour cette somme, logés, nourris, chauffés, éclairés et blanchis. L’instruction des uns et des autres est entièrement gratuite.

Cette différence dans les prix en établit une essentielle dans les soins physiques. Les enfants de familles aisées mangent à la table de M. Saint-Sernin, Maître de cette Pension : les autres mangent dans un réfectoire séparé, surveillés par le même Maître.

Les parents de chacun des enfants, riches ou pauvres, fournissent deux paires de draps pour chaque élève.

L’objet important de l’instruction qu’on donne à tous est la religion catholique, apostolique et romaine. Cette étude en exige d’autres, dont voici le détail.

On enseigne aux Sourds et Muets à lire et à écrire, l’arithmétique, les éléments de la géométrie, ceux de la sphère et de la géographie, la grammaire française.

Ces connaissances, qui paraissent peu nécessaires aux personnes du peuple, sont indispensables aux sourds et muets, de quelque condition qu’ils soient. L’expérience et l’observation l’ont démontré.

On présume qu’il faut à peu près six ans pour l’éducation complète d’un sourd et muet ; mais au bout de ce temps l’élève saura tout ce qui vient d’être dit, et il sera propre à presque tous les états de la société, particulièrement au dessin, à la gravure, à l’imprimerie, à être employé dans les comptoirs, dans les bureaux, et à tous les arts mécaniques.

Les élèves, outre les leçons de l’Instituteur gratuit, qui ont lieu les dimanche, mardi, jeudi et samedi de chaque semaine, profitent de celles que leur donne tous les jours, soir et matin, M. Saint-Sernin, Maître de cette Pension, qui s’est dévoué avec le plus grand zèle, à cette œuvre de charité.

 

  1. Extrait de Ferdinand Berthier, L’abbé Sicard, Paris, Charles Douniol, 1873 (Voir la Bibliothèque sourde des Editions du Fox : Bibliothèque sourde (+ de 140 titres) CD ou USB (2-as.org) ou https://archive.org/details/b24852363)
  2. Les Bibliothèques de Bordeaux ont lancé Séléné, une bibliothèque numérique patrimoniale : https://bibliotheque.bordeaux.fr/selene/
    On y trouve beaucoup de documents, comme le Journal de Guienne, qui, de 1785 à 1790, a mentionné à de nombreuses reprises l’action de l’abbé Sicard pour l’école des sourds de Bordeaux.

 

Dans l’extrait de différents journaux concernant les forfaits des premiers jours de septembre 1792 ci-dessous, l’abbé Sicard relate les dangers qu’il a courus les 2 et 3 septembre 1792, lors de la première terreur. Cliquez sur l’image ci-dessous pour lire l’intégralité de l’article. Amateurs d’Histoire, régalez-vous, âmes sensibles, abstenez-vous !

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